Renaissance du Bénin:Nicéphore Soglo démis de ses fonctions.

Tombée hier à la mi-journée, la nouvelle a certainement mis en ébullition plusieurs milieux et surtout les fiefs du parti. La plupart l’ont accueillie avec peu de certitude. D’autres par contre ont cru à une folle rumeur qui s’est répandue. Et pourtant, Nicéphore Soglo s’est volontairement débarrassé de ses attributs du président d’honneur de la Renaissance du Bénin. Fait inattendu. L’ancien chef de l’Etat aurait adressé au bureau politique de la Rb une lettre de démission. Il entend ainsi se manifester contre la politique de deux poids deux mesures entretenue par la présidente du parti Rosine Vieyra Soglo. Alors qu’elle préfère la carotte au bâton pour trancher le cas du ministre de la Culture, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, elle est loin de faire l’unanimité au sommet et à la base. Rosine Soglo écarte toute idée de sortir son fils cadet du parti pour des faits qui se sont avérés très graves, selon la commission Marius Francisco. Quand on remonte dans le passé, la plupart des anciens cadres renaissants ont été renvoyés du parti parce qu’ils ont osé se rebeller un jour. D’autres comme Candide Azanaï, Raphaël Ahouandogbo, Maxime Houédjissin, Georges Guédou sont partis parce qu’ils ont émis une opinion contraire à celle du couple pour enrichir les débats d’idée en interne ou pour se liguer contre une sorte de monarchie qui se dessinait. Ils n’ont pas bénéficié de situation atténuante avant d’être virés. Voilà que l’un des protégés de la famille a mis en péril la vie du parti et la présidente refuse d’appliquer les règlements. C’est l’idée que tous partagent aujourd’hui dans cette formation politique. Pourquoi alors a-t-on mis en place une commission pour connaître de la situation de Galiou Soglo et de Alao Ibouraïma qui, une fois de l’autre côté, ont tiré à boulets rouges sur le leader charismatique et le bureau politique. Le ministre de la Culture n’a aucun moment varié sa langue ou sa position pour désapprouver publiquement son père devenu allié de ceux qui lui ont arraché le pouvoir en 1996. Il a diabolisé la maison « houézèhouè ». C’était suffisamment grave pour mériter un carton rouge du bureau politique. Mais pour Rosine Soglo, c’est une affaire de famille et exclure, Galiou, c’est en quelque sorte le renvoyer de chez lui, de chez son papa et de chez sa maman. Sa position n’est pas celle de son époux, leader charismatique des « houézèhouè ». Pour l’intérêt du parti et pour encore engendrer la confiance des militants, la seule solution c’est de se plier à la décision de la majorité, telle est la position de Nicéphore Soglo. Si la majorité a approuvé la sanction proposée par le commission dirigée par l’ancien ministre Marius Francisco pour statuer sur les dérives du ministre Galiou Soglo à travers son entrée au gouvernement, ses prises de position qui sont à l’antipode de la ligne de son parti, seule l’ancienne première dame n’en veut pas. Elle a tout au moins le soutien de Epiphane Quenum. Lors d’un récent conclave du bureau politique, la démarcation était claire et Rosine Soglo ne voulait nullement se plier devant la commission. D’aucuns avaient déjà senti que Nicéphore Soglo voulait prendre ses responsabilités. Et voici, le couple, qui vient de révéler au grand jour son désaccord sur l’exclusion de Galiou de la Rb. Nicéphore n’est pas de l’avis de son épouse et a décidé de claquer la porte. Un divorce certes, mais c’est purement sur un terrain politique. Cela n’a donc rien à voir avec une scène de ménage, encore moins un problème de cœur. Mais une chose est certaine, les histoires politiques dans un couple pourraient avoir des répercussions dans le foyer. Et à force de régner à la tête de ce parti comme on gère une famille au sens propre du terme, Nicéphore Soglo et Rosine ont laissé dans les esprits que la Rb est leur chose. Ils sont les seuls à régenter la vie et l’avenir de la Rb. Les choses ont peut-être changé, si le président d’honneur du parti n’est pas en train d’offrir une mise en scène à l’opinion publique au sein de laquelle se trouvent les militants du parti qui ont toujours réclamé une justice et un traitement équitable. Avec cette nouvelle situation, doit-on croire que Nicéphore Soglo est très soucieux de ce que réclame cette opinion ? Galiou Soglo mérite t-il d’être renvoyé de la Rb ? Beaucoup de militants répondront par l’affirmative. De même que son père qui doit affronter une position contraire de la mère. Ce dossier a duré longtemps et a renforcé l’idée selon laquelle, la Rb est un parti clanique et familial dans lequel, seuls les Soglo ont droit aux privilégies et ne doivent pas être traités comme les autres militants et cadres. Sur la question, point n’est besoin de souligner que Léhadi Soglo soutient son papa. On apprend qu’il a applaudi des deux mains la décision du président d’honneur qu’il trouve courageuse. Autres mobiles

Deux autres raisons auraient également motivé Nicéphore Soglo à vite se démarquer de son épouse. La première est relative à l’avenir de l’Union fait la Nation née à Bohicon en novembre 2008. Il a l’impression que les hésitations de son parti pourraient hypothéquer les ambitions de l’Union. Pour une question d’honneur et de confiance, l’ancien chef de l’Etat ne voudrait pas qu’on taxe l’initiative d’Abomey-Bohicon de mort-né ou d’épouvantail et qu’on trouve à dire plus tard qu’il serait à l’origine d’une éventuelle mésaventure. De même, Nicéphore Soglo a signifié par sa démission qu’il ne veut pas avoir sur le dos la responsabilité d’une traîtrise de la Rb à l’égard des autres alliés des « G » et « F ». Un argument qui révèle une arrière pensée dans la tête de certains responsables du parti dans l’accomplissement de leurs actes quotidiens soit à l’Assemblée nationale soit loin du Parlement. L’autre élément contre lequel, Nicéphore Soglo a montré toute son hostilité et il n’a pas été écouté se rapporte à une affaire de tentative de mainmise que le chef de l’Etat veut avoir sur la Rb en développant une générosité à nulle autre mesure et en donnant des garanties sous plusieurs formes. Le président de la République aurait fait des propositions mirobolantes à la Rb pour qu’elle se retire du G4. Nicéphore Soglo aurait voulu que la réponse du parti soit un non catégorique dans l’intérêt de l’intergroupe. Or, il constate que des manœuvres se multiplient du côté du palais de la Marina pour que le chef de l’Etat atteigne son objectif.