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    Entretien avec Jean-Yves Sinzogan: « Je veux amener au peuple béninois une nouvelle manière de diriger le pays»

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    Entretien avec Jean-Yves Sinzogan: « Je veux amener au peuple béninois une nouvelle manière de diriger le pays»  Empty Entretien avec Jean-Yves Sinzogan: « Je veux amener au peuple béninois une nouvelle manière de diriger le pays»

    Message par Admin Mer 29 Déc 2010 - 13:01


    Entretien avec Jean-Yves Sinzogan: « Je veux amener au peuple béninois une nouvelle manière de diriger le pays»


    Jean-Yves Sinzogan est annoncé comme candidat à la présidentielle de 2011. Il y a quelques jours, ce cadre émérite en poste à l’Uémoa a échappé à un enlèvement au Bénin. Dans cet entretien, il parle des menaces qui pèseraient sur sa personne depuis l’annonce de sa candidature dans la presse. Il explique aussi les raisons qui motivent sa candidature et sa vision pour le développement du Bénin.

    Bonjour monsieur, présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plaît.

    Jean-Yves Sinzogan : J’ai eu 50 ans, il y a quelques jours, marié avec 5 enfants. Ingénieur statisticien de formation, je me considère comme expert sur les questions financières et de développement. Agent de la Bceao en détachement, j’ai été Conseiller technique et Directeur de Cabinet du Ministre de l’Economie et de Finances Grégoire Laourou (Bénin : 2002 -2005). Aujourd’hui en poste à la Commission de l’UEMOA (Burkina Faso depuis 2005), j’assume les fonctions de Directeur de Cabinet au Département en charge de l’Energie, des télécommunications et du développement de l’Entreprise.

    Bien avant tout çà, j’ai été en service au Ministère du plan (INSAE), puis au Ministère de l’Economie et des finances où je m’occupais de la prévision macro-économique. A ce titre, j’ai conduit plusieurs activités dont notamment l’élaboration de la note de conjoncture, du tableau de bord économique et financier, de modèles macro économiques. Je participais également à l’élaboration du rapport économique et financier de l’Etat dans le cadre du budget général de l’Etat. Côté militantisme politique, j’ai été actif au sein du MNDD et fut membre fondateur du groupe de réflexion « Nouvelle Ethique »

    Quelle est actuellement la raison de votre séjour au Bénin ?

    Jean-Yves Sinzogan : Je suis actuellement en vacances au pays et profite pour évoluer sur un projet que je partage avec un certain nombre de personnes, et qui est celui de briguer la magistrature suprême.

    Vous serez donc réellement candidat à la prochaine élection présidentielle de 2011 au Bénin ?

    Jean-Yves Sinzogan : Le projet est mûr et je l’envisage sérieusement.

    A peine divulgué, votre projet semble déranger. A-t-on tenté de vous d’enlever ?

    Jean-Yves Sinzogan : Je le crois. Autrement, comment expliquer que deux jours après mon arrivée à Cotonou, une escouade de dix agents armés viennent à mon domicile par effraction pour tenter de m’emmener sans aucun mandat ? Sans la vigilance de mon chauffeur et du jardinier qui leur ont opposé un refus catégorique d’entrer dans les bâtiments, j’aurais été emmené vers je ne sais quelle destination, puisque ces vils agents ont demandé que je me rende au Commissariat Central de Cotonou, dont nous nous sommes rapprochés et qui nous a assuré n’avoir diligenté aucune mission du genre, et que cela ne répond pas à leur méthode de travail. Mon hôte et mes proches subissent depuis lors, des menaces par des coups de fil anonymes. Mais nous restons sereins car ces méthodes d’intimidation ne nous ébranlent point. Nous avons eu quelques indices et nos avocats ont été saisis.

    Après cela, y-a-t-il eu des suites ?

    Jean-Yves Sinzogan : Non, pas de suite. Néanmoins, nous avons quelques indices qui permettront d’élucider rapidement cette affaire et démasquer ces individus commis aux basses besognes. Nous voulons simplement souhaiter que quelques agents de police à la solde de vils individus, ne se laissent plus conduire à mener des actes ignobles envers les paisibles citoyens, plutôt que d’assurer leur sécurité.

    En déduirez-vous que votre vie est menacée au Bénin ?

    Jean-Yves Sinzogan : Je suis attristé que dans mon pays, il suffit que la presse parle d’une probable candidature et que de pareilles choses se passent. Je déplore de tels actes et les condamnent, ainsi que leurs auteurs, avec fermeté. J’estime que nous avons fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là où nous en sommes avant l’ère dit « du changement », et que cette ère ne devrait pas mettre en cause les acquis démocratiques et de liberté plurielle. Donc, j’estime que ceux qui animent cette ère du changement ont profité de ce que nous avons gagné ; par conséquent, aujourd’hui on n’acceptera pas qu’ils nous les reprennent.

    Quelles dispositions avez-vous prises face à cette menace qui pèse sur vous ?

    Jean-Yves Sinzogan : J’ai pris les dispositions qui s’imposent et de toute façon, je ne suis pas intimidé et si c’est ce qu’ils voulaient, ils se sont trompés de personne.

    Sur le plan politique, que pensez-vous apporter de nouveau aux Béninois ?

    Jean-Yves Sinzogan : D’abord, je ne suis un politique au sens où cela est communément admis. Je veux amener au peuple béninois une nouvelle manière de diriger le pays qui puisse nous conduire de manière réaliste au développement. Je suis d’accord qu’on ne peut pas se passer de la politique pour diriger un pays, c’est impossible. Je pense aujourd’hui, voyant ce que nous avons fait depuis 50 ans, qu’il faut que le politique puisse se mette au service du développeur. Si la politique développait un pays, je crois que nous serions le pays le plus développé au monde. Il faut passer du politique à la politique de développement. Le pouvoir qui est train de finir est passé du développement à la politique ; ce qui a fait qu’il a déçu toutes nos attentes. C’est ce que je propose et c’est cela que le Béninois attendait, il y a cinq ans. Je veux impulser avec mon équipe, une autre façon de gérer les affaires du pays avec compétence et honnêteté, une manière qui permet à la personne au pouvoir d’apporter le maximum à ses concitoyens. J’aime mon pays, mes frères et sœurs béninois tels que nous sommes. On dit souvent que le Béninois est assez complexe. Chaque peuple a ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses et il faut savoir capitaliser les forces et même les faiblesses pour arriver au développement.

    Faut-il être du sérail des institutions bancaires internationales et assimilées pour se mettre en politique ?

    Jean-Yves Sinzogan : D’abord, je tiens à dire que je ne jouis d’aucun privilège et ne suis d’ailleurs pas du genre à utiliser mes fonctions pour susciter un quelconque électorat. J’occupe une fonction et je m’y consacre pleinement et consciencieusement. Il faut dire que j’ai fait 15 ans d’administration au Bénin avant d’aller à la Bceao et à l’Uemoa ; donc j’ai vécu au Bénin, j’ai une très bonne connaissance de l’administration béninoise contrairement à d’autres prétendants à la magistrature suprême. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on est fonctionnaire de la Bceao qu’il faut prétendre à la magistrature suprême. Mais il faut reconnaître qu’à la Bceao, il y a une manière d’aborder les problèmes, une méthode d’organisation et de travail qui vous donne la capacité d’affronter les problèmes colossaux du développement d’un pays. Cependant, tout repose sur les compétences, la vision, le courage et la détermination qu’on a.

    Parlez-nous de votre fonction à la Commission de l’UEMOA

    Jean-Yves Sinzogan : Je suis dans le département qui s’occupe des questions de développement de l’entreprise, de l’Energie et des Télécommunications, et assume les fonctions de Directeur de Cabinet. Je supervise donc la réflexion et les actions qui concernent d’une manière générale, le secteur privé et tout ce qui a trait aux techniques de l’information et de la communication. Je m’occupe aussi de la mise en œuvre de la politique énergétique commune de l’UEMOA, en particulier, l’Initiative Régionale pour l’Energie Durable (IRED), de l’artisanat et mon département coordonne les actions communautaires concernant le coton. C’est en somme, le département au cœur de la problématique de l’intégration et du développement.

    Que pensez-vous de la situation de délestage que vivent les populations ?

    Jean-Yves Sinzogan : Il faut dire que je ne suis pas un spécialiste en énergie mais ce que j’ai appris, les problèmes concernant l’énergie que nous vivons au Bénin et dans la sous-région ne peuvent se résoudre que dans une perspective à moyen et long terme. Ce qui a été fait jusqu’ici au Bénin, c’est qu’on a voulu résoudre la question avec des solutions d’urgence mal conçues. Je pense que nos gouvernements n’ont pas été responsables et au Bénin, on fait plutôt du populisme en tentant de parer au plus pressé au lieu d’adopter des solutions de fond. Ainsi des projets conduits depuis les années 90 n’ont pu permettre au pays de sortir de cette crise énergétique devenue structurelle. Au niveau de la Commission de l’Uemoa, le département chargé des questions d’énergie s’est attelé à proposer une stratégie sur 20 ans, qui veut que d’ici à 20 ans, tous les ménages, les entreprises de l’espace Uemoa aient accès à l’énergie électrique fiable de bonne qualité et à des prix abordables.

    Les entreprises ne peuvent pas être compétitives avec de l’énergie qui coûte très chère et le plan mis en place vise cela avec un investissement d’urgence de 2000 milliards FCFA dont 500 ont déjà été identifiés et mis à la disposition de l’Union. Plusieurs projets sont déjà à l’étude, dont le projet d’Adjalala. Il nous faut développer au Bénin pour le bonheur des populations, les capacités d’énergie traditionnelles et renouvelables tout en gardant la question du coût à l’esprit. Il faut promouvoir l’énergie solaire pour les ménages, les écoles, les collectivités de façon à dégager de l’énergie classique pour les entreprises. Je propose qu’au cours des 10 prochaines années, le gouvernement investisse dans les petits barrages pour permettre aux localités de maîtriser l’eau pour l’agriculture et avoir accès à l’énergie électrique. Quant à l’énergie nucléaire, elle n’est pas envisageable uniquement à l’échelle de notre pays compte tenu du niveau de développement. Mais il faut reconnaître qu’aucun pays n’a réussi à régler définitivement et de façon durable ces problèmes d’énergie sans avoir recours à l’énergie nucléaire car elle est ce qu’il y a de mieux en terme de coût. Nous pouvons l’envisager dans l’ensemble régional avec l’uranium du Niger. Les technologies sont très avancées en la matière et l’exemple des Etats-Unis avec Barack Obama qui a relancé le programme d’énergie nucléaire américain est à suivre.

    Moi, ma position serait de n’exclure aucune possibilité de source d’énergie. En somme, nous devons explorer toutes les options et ne rien rejeter de façon catégorique.

    Tout cela nécessite de gros moyens financiers ?

    Jean-Yves Sinzogan : Bien évidemment, car l’énergie est une question primordiale et nous l’inscrivons comme priorité de développement. Il est inadmissible qu’en ce 21ème siècle on connaisse les problèmes que nous vivons actuellement.

    En la matière, je puis vous assurer que les financements savent se trouver quand les projets sont bien étudiés et montés. Nous en avons l’expérience et les moyens avec les partenaires au développement et institutions de financement. Il faut intéresser et impliquer sérieusement les investisseurs privés nationaux et internationaux.

    Il faut maintenant, comme je le disais tantôt, changer d’approche et avoir le courage de faire le choix des options judicieuses et durables au plan national tout s’inscrivant dans la dynamique régionale en se fondant sur les potentiels de l’Union et de la Cedeao.


      La date/heure actuelle est Dim 28 Avr 2024 - 7:31