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Dans l’interview qu’il a accordée à nos confrères de la Télévision nationale et de Golfe Tv à l’occasion du 49ème anniversaire de l’accession du Bénin à l’indépendance, bon nombre de Béninois ont été surpris par les déclarations du Chef de l’Etat, le Dr Thomas Boni Yayi. Sans aucun détour, il a confirmé discrètement le cafouillage au sommet de l’Etat et surtout la navigation à vue que les députés de l’opposition ont toujours dénoncé.
« … Je n’assiste au conseil des ministres que quand j’ai des points de vue particuliers à défendre…le plus souvent, c’est le ministre Koukpaki qui s’en occupe… » C’est entre autres l’une des déclarations du Premier magistrat du Bénin au cours de l’interview qu’il a accordée à la presse dans le cadre de la fête de l’indépendance.
Une analyse complète de cette assertion permet de déduire que le Dr Thomas Boni Yayi ne dirige pas le pays. Son absence au Conseil des ministres, culte solennel de l’exercice du pouvoir d’Etat, confirme le cafouillage qui a lieu dans son gouvernement surtout dans le cadre de l’affaire Cen-Sad où le Premier Magistrat déclare ne pas être informé des agissements de son ministre des Finances. Au cours de son entretien, le Chef de l’Etat a également montré le manque de continuité et de cohésion au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Aux dires du Dr Boni Yayi, aucun membre du gouvernement ne s’est rappelé de l’introduction en Conseil des ministres d’une communication sur le projet de rénovation du Centre international des conférences et du Palais des congrès car, entre temps l’ancien Secrétaire général du gouvernement Victor Tokpanou est devenu Garde des Sceaux et son successeur n’avait pas connaissance de tous les dossiers. Sans douter de la sincérité du président de la République, la question se pose alors de savoir quelle est l’utilité des secrétaires généraux adjoints du gouvernement ?
Sous d’autres cieux, les déclarations du Dr Boni Yayi suffisent pour que l’opposition réclame sa démission, pour abandon de rôle, vacances de pouvoir etc… car le conseil des ministres est le rite suprême de l’exercice du pouvoir d’Etat. De ce fait, il ne peut être officié que par le Chef de l’Etat. Certes, il peut faire délégation de pouvoir. Mais dans le contexte béninois, il semble que cette dérogation n’est plus ponctuelle. Elle tend à devenir une pratique courante.
La République ou la raison du coeur
Dans son effort pour justifier les raisons qui ont amené son gouvernement à prendre certaines décisions, le président de la République a évoqué des raisons sentimentales que républicaines. Le cœur semble plus diriger que les lois de la République. Ainsi, au cours de l’émission il était fréquent d’entendre le Premier magistrat du pays s’exprimer en ces termes : « ….quand on demandait le collectif budgétaire, on savait que les députés allaient refuser parce qu’ils étaient dans leurs droits…… mais que voulez-vous ? … j’aime ce pays et c’est parce que je veux aller vite…. ». Ainsi, on pourrait se demander si Boni Yayi dirige une nation avec la raison du cœur ou à partir des règles de la République.
