Bio Tchané espionné...

Resté à Cotonou après sa séance de travail avec Yayi : Bio Tchané espionné jour et nuit par des individus suspects.

A l’heure où tout semble aller de travers pour la gouvernance sous Yayi, la venue de la délégation des présidents des institutions économiques et financières de la communauté ouest africaine a permis de se rendre compte que le chef de l’Etat garde les yeux rivés sur l’objectif 2011. Une volonté de ne pas rater le coach qui est peut-être à la base de toutes les ratées enregistrées ça et là.


En effet, au nombre des hôtes de marque venus rendre compte du fruit de leurs travaux figure Abdoulaye Bio Tchané, président de la Boad, ancien ministre des finances et de l’économie de Kérékou à qui l’on prête l’intention de vouloir briguer la magistrature suprême en 2011. Cette présence, qui ne se justifie autrement que dans le cadre du travail, a vite tourné à la traque policière et en filature tous azimuts. Ainsi, dès lors que Abdoulaye Bio Tchané a eu fini son audience en présence de ses pairs, de la commission de l’Uemoa, de la Bceao et autres, il a eu droit à un pistage hors du commun. Deux véhicules remplis de barbouzes le suivaient. Allait-il à la mosquée qu’ils étaient là, teigneux à le filer, voulait-il se rendre chez une de ses connaissances qu’ils étaient encore présents. C’est à peine s’ils ne se sont pas introduits dans sa cuisine et ses toilettes pour savoir ce qu’il devait manger et le nombre de fois où il allait aux toilettes. Pour ce qui concerne ses appels téléphoniques, ils ont fait l’objet d’une écoute spéciale et assidue. De ceux qui ont été joints au téléphone par lui, ou le contraire, un rapport complet a été fait au jour le jour au chef de l’Etat qui brûlait d’envie de savoir avec qui son potentiel adversaire discutait et de quoi il parlait. Une intrusion grotesque dans la vie privée d’un citoyen béninois, bénéficiant d’un statut particulier, qui en principe devrait être protégé.

Au lieu de cela, c’est plusieurs services qui ont été mis à contribution pour épier ses faits et gestes avec des motifs inavoués. Car, en réalité, personne ne saurait vraiment dire au nom de quoi l’argent du contribuable a été utilisé pour espionner Bio Tchané. Une attitude qui doit faire craindre le pire. Pour peu que l’une des barbouzes mise à la trousse du président de la Boad veuille faire à sa tête ou un peu de zèle, on peut très facilement se retrouver dans un cas de figure d’extrême volatilité.

Les libertés individuelles gravement menacées

La présence de Bio Tchané et le harcèlement dont il a été l’objet sont venus mettre en exergue des méthodes staliniennes qui ont cours maintenant depuis quelques mois et qui tendent à être banalisées. La filature de journalistes, de ministres, d’opérateurs économiques, de syndicalistes, de membres de l’opposition et même de conseiller technique est devenu monnaie courante. Dès lors que vous êtes soupçonnés de collaborer avec des gens dont les idées ne convergent pas avec la mouvance Fcbe, votre numéro est branché et vous êtes filé selon votre importance. Le nec plus ultra de cette prédation des libertés est la mise sur orbite de jeunes filles dont l’objet est de vous séduire, vous espionner et éventuellement vous compromettre. C’est ainsi que se présente le tableau des méthodes pour conserver le pouvoir que les pros Yayi conseillent au chef de l’Etat actuellement. Ce qui est légitiment à craindre, c’est que nous ne tombions pas dans les travers de cette option.