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    Constantin Amoussou donne les raisons de sa démission de l’émission ‘’Bonjour citoyen’’

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    Constantin Amoussou donne les raisons de sa démission de l’émission ‘’Bonjour citoyen’’ Empty Constantin Amoussou donne les raisons de sa démission de l’émission ‘’Bonjour citoyen’’

    Message par Admin Ven 22 Oct 2010 - 9:48



    Lettre ouverte aux téléspectateurs de la télévision nationale :Constantin Amoussou donne les raisons de sa démission de l’émission ‘’Bonjour citoyen’’




    Dans une lettre publique adressée aux téléspectateurs de la télévision nationale, Constantin Amoussou, écrivain, chroniqueur et analyste politique sur l’émission ‘’Bonjour citoyen’’ donne les motifs de sa démission de l’émission. Lire l’intégralité de sa lettre. (Tome 1)



    Mesdames,

    Messieurs,

    Chers amis,

    Tout un océan de larmes ne suffirait par pour exprimer le regret que j’éprouve de devoir vous fausser compagnie. Durant un peu plus de deux (02) années, j’ai eu le sentiment d’avoir scellé avec vous un pacte. Les chaleureux compliments qui venaient d’ici et là m’en ont convaincu. C’est le cœur rempli de joie que je me réveille au milieu de la nuit, à une (01) ou deux (02) heures du matin, pour m’assurer d’avoir préparé mon passage de façon convenable.

    Et il me fallait partir à l’aube, à cinq (05) heures du matin, défier le temps, les intempéries et les malfrats, depuis ma bicoque cachée dans un recoin de Godomey –Togoudo, dans la commune d’Abomey-Calavi. Partir à cinq (05) heures, pour être présent au studio à temps, pour vous servir. Mais le service de la nation est un privilège et voilà pourquoi, je l’ai fait sans statut et sans rémunération (sauf deux primes passagères), et pourtant sans grogner, vingt-cinq (25) mois durant ; et si c’était à refaire, dans les conditions de la liberté de conscience, je recommencerais au nom de cette nation à laquelle je dois tout.

    Avant d’aller plus loin, je voudrais saluer et remercier mes frères et amis de l’émission pour les agréables moments passés ensemble. Ensemble, depuis le 05 août 2008, nous avons jailli. Et malgré l’avalanche de pressions et de tribulations, nous avons marché ensemble d’un pas ferme. Je n’ai pas oublié les moments durs. Comme le mercredi 22 septembre 2010, date du premier numéro de Bonjour Citoyen sans moi, et sans les rubriques « Au peigne fin » et « Biblio », sans la chronique humoristique « pan pan » aussi, ainsi que le Directeur Général en a décidé.

    Je n’oublierai pas comment j’ai vu les yeux d’un de mes collègues s’enfoncer au fond de leurs orbites, et tout son corps s’est aussitôt mis à trembler, tandis que des flots de larmes qui avaient d’abord inondé son âme, répandaient désormais leur trop plein, pour noyer sa figure entière. Moi Constantin, j’ai retenu « l’hydraulique de mes payupières », mais Dieu sait que ce jour, il a plu dans mon cœur, comme il pleuvait sur la ville. Et le Bon Dieu qui sait tout, et qui voit tout, sait sans doute que nos braves autorités torturaient des gens justes et innocents.

    Nous avons cultivé l’honneur et la dignité et ensemble, avons tenté de les transmettre, comme héritage à notre pays. Nous avons dit Non à des propositions alléchantes visant à nous lier par des contrats aussi obscurs que juteux, dans un complot contre le peuple, un complot pour contrôler l’opinion dans un sens voulu, de façon systématique, et somme toute, un complot assez rentable pour nous mouiller la barbe et le menton.

    Nous avons pris le parti de l’objectivité et je n’oublie pas nos multiples résistances aux pressions hiérarchiques d’avant et d’après émission. Le calvaire des coups de fil longs, ennuyeux et injurieux et je me souviens de ces mots lâchés par l’un des amis miens, en cette date du 07 juillet 2009 : « Mon âme n’est pas vendable. » Et un autre jour encore, comme il allait passer au tribunal hiérarchique avec les amis de la Rubrique « Regards sur le monde », son coup de fil au compagnon de future infortune, et ma réponse : « Soyez dignes ».

    Et ce jour, ils ont été traités, comme il sied de traiter « les margouillats » de leur espèce. J’emprunte le mot à qui de droit, et je le signale par honnêteté intellectuelle, pour ne pas devoir verser des droits d’auteur à la hiérarchie. Je n’ai pas lu Montesquieu et Voltaire en vain, Rousseau et Socrate en vain, Soyinka et Césaire en vain. Ils m’ont appris la dignité et la jeune et belle Fatou Diome m’a rappelé la leçon : « Chaque miette de vie doit servir à conquérir la dignité. » Voilà pourquoi, il était incompatible avec mes principes de rester dès lors que ce 22 septembre 2010, Stéphane Todomè, à qui je fais beaucoup d’honneur en le nommant, m’a traité « d’esprit malin » avant d’ajouter : « S’il ne tenait qu’à moi, il y a longtemps que des brebis galeuses comme Constantin, auront dégagé ».

    Autant j’ai appris à recevoir et aimer les compliments de toutes sortes, autant je reçois des injures et j’en suis reconnaissant aux auteurs. Comme cet homme des médias qui aurait confié à l’un de mes collègues : « Quand vient le passage de Constantin, j’éteinds la télé ». ¨Puis un autre, opérateur de saisie lui, employé pour le compte de la LEPI au Centre Nationial de Traitement, qui me voit un jour rentrer au C.I.C, et tandis que tous les regards étaient portés vers moi, lâche avec un dédain manifeste : « qu’est-ce que ce salopard vient chercher ici ? ». Il ignorait alors être assis à côté d’un de mes anciens élèves devenu pour moi, disciple, ami et frère, qui lui revaut aussitôt sa question : « En quoi donc est-il un salopard ? »

    Dans mon flot de souvenirs, de très heureux témoignages me confortent cependant et s’il m’était permis une digression, je saluerais mille personnes qui, de par le Bénin et le monde, m’ont fait l’aveu de leur vive admiration.

    Lorsque la télévision nationale semble avoir pris le pari de tourner dos à l’équité dans le traitement de l’information, Bonjour Citoyen était devenu un îlot de liberté, un pôle de résistance contre la soap opera et le théâtre des marcheurs intempestifs. Sans parti pris, mes amis et moi, parlions d’une langue nue, dévêtue de toutes circonlutions diplomatiques, de toute censure policière, sans jamais tomber dans l’escalade. Et durant tout le parcours, pas même une fois, les différentes HAAC, si âpres pourtant à frapper, ne nous ont pris à défaut.

    La mouvance pouvait recruter des gigolos politiques au sein de la racaille pour plastronner toute une saison durant sur toutes les chaînes de télévision, dans une posture constante d’attentats à la pudeur. Ils pouvaient venir débiter salmigondis et charabias nauséeux. Bigots tartuffes et autres cafards pouvaient y faire la bamboula entre animateurs bidons et invités babillards. Rien d’autre. Les hommes honnêtes et les opposants doivent museler leurs sales gueules. Ainsi, voulut Todomé.

    Et je me pose une question : Boni YAYI et les siens prennent-ils la mesure du drame qu’ils ont généré en quatre ans et demi de délinquance financière, quatre ans et demi de scandales, quatre ans et demi d’emprise sur les libertés publiques, quatre ans et demi de honte ?

    Un changement moribond qui fait une poignée de milliardaires émergents sur le dos du peuple naufragé. C’est ce que relevait Constantin AMOUSSOU. Un pays qui tourne en rond là où nous aspirions à le voir tourner vers l’avenir. C’est ce que dénonçait Constantin AMOUSSOU, « brebis galeuse », « esprit malin » puis « salopard ».

    Les espoirs placés dans le Changement ont été douchés par Boni YAYI et l’ORTB est commis pour le masquer. Moi, Constantin AMOUSSOU, j’ai choisi la liberté. Voilà pourquoi, le 24 septembre dernier, j’ai notifié verbalement mais fermement ma démission à mes collègues et l’ai confirmé de façon tout aussi ferme au Directeur général qui a tenté de me faire revenir sur ma décision et ce dans un entretien en son bureau, alors que une semaine auparavant, c’est expressément lui qui ordonnait vivement que les rubriques que j’anime soient arrêtées.

    Il souffle actuellement sur le Bénin un nouveau vent. Il fait peur. Paradoxalement, il génère l’attachement à la liberté et à la vérité. Après la pénurie de pain, la pénurie de paix et la pénurie de liberté font sortir les Béninois de leur réserve. Dans ce combat, je n’aurai plus l’encombrant privilège d’être un commentateur. Mais les autorités de l’ORTB, en me projetant au cœur du tourbillon cyclonique après cette émission du 20 septembre où je recevais StanislasPOGNON sur l’affaire ICC-Services, en me poussant vers la sortie comme elles ont fait, les autorités ont abattu un analyste, mais engendré un militant. Aucune force. Cent fois plus démuni que Urbain DANGNIVO, à peu près réductible à un cœur, une gueule et des doigts ; léger comme une plume, je me jette cependant dans la bagarre et suis prêt à livrer bataille aux côtés des forces démocratiques engagées pour l’alternance. Et prenez pour prophétie ces mots de Talleyrand : « C’est le commencement de la fin. »

    Tome 2 : Pour plus de détail. A suivre

    Constantin AMOUSSOU, Ecrivain, Ancien Chroniqueur et analyste politique sur l’Emission Bonjour Citoyen.


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