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Quelques jours après avoir pris la direction de la Rb :Léhady Soglo prend conseil chez Mathieu Kérékou
Environ trois jours après avoir été investi président de la Renaissance du Bénin, Léhady Soglo veut tourner la page d’environ 20 ans de relations obscures entre le couple Soglo et l’ancien président de la République Mathieu Kérékou. Le jeune leader Rb s’est rendu le mercredi 22 septembre 2010 chez l’éternel rival de son papa.
Que va chercher Léhady Soglo chez l’ancien président de la République Mathieu Kérékou ? C’est la question que doivent se poser tous les Béninois quand ils verront les deux hommes se laisser aller à des accolades dans l’emblématique domicile du Général-président, situé dans la zone des trois banques. Selon certaines sources, le premier adjoint au maire de Cotonou qui vient d’être élu président de la Renaissance du Bénin est allé présenter ses civilités à celui qui a dirigé le Bénin durant près de 28 ans, et qui pendant dix ans a eu des relations peu conviviales avec le couple Soglo. Ce rappel est important pour souligner le caractère exceptionnel de cette démarche de Léhady. Il était hier à la tête d’une importante délégation composée des membres du bureau exécutif national de la Rb, dont la première vice-présidente Sikirath Aguêmon. C’est aux environs de 17h 30 mn qu’ils ont été reçus sous les filaos par le Général-président. L’entrevue a duré plus d’une heure et s’est déroulée dans une ambiance de franc-parler et de convivialité, indiquent nos sources. Des deux côtés, les visages étaient reluisants. Visiblement, Mathieu Kérékou honoré par cette visite du fils de son ancien premier ministre pendant la période de transition (1990-1991), et de son successeur, devenu également son prédécesseur en 1996, n’a pas fait économie de conseils à son hôte. Il l’a reçu en bon père de famille et en grand homme politique. De quoi rassurer les responsables du parti resté l’opposant n°1 du régime Kérékou de 1996 à 2006. Léhady Soglo très détendu a affiché de son côté, sa volonté de recueillir les conseils et le savoir-faire politique d’un homme qui a été de tout temps la cible des attaques de « papa » et surtout de « maman ». L’illustration la plus parfaite dont cette dernière nous a gratifiée, date du 13 septembre 2010 à l’Assemblée nationale. Dans son coup de gueule contre le chef de l’Etat Yayi Boni qui aurait proféré à son domicile des menaces contre les députés et aurait promis mettre le pays à feu et à sang, Rosine Soglo a rappelé qu’en son temps, Mathieu Kérékou avait promis marcher sur des cadavres, mais aujourd’hui, c’est lui le cadavre. Des propos qui sont de nature à assombrir davantage les relations déjà froides.
La rupture
La démarche de Léhady Soglo envers Mathieu Kérékou est politiquement de grande portée. Le jeune leader vient de marquer la rupture entre l’ancienne politique de la Rb et sa vision de gérer désormais les affaires du parti. C’est une preuve de grande ouverture que le parti vient d’amorcer. Dans cette démarche où il n’y a pas de place à l’immobilisme qui a souvent réduit la Rb à son plus petit commun dénominateur, on sent un petit pressing que le nouveau président fait sur lui-même pour replacer sur l’échiquier politique son parti en pleine régression et dont les scores aux dernières élections ne témoignent pas de sa parfaite santé. L’initiative sera sans doute perçue comme un signal, pour annoncer que plus rien ne sera comme avant. Et surtout, c’est le premier acte que le nouveau patron des « houézèhouè » a posé après son investiture le samedi 18 et le dimanche 19 septembre à Abomey. Cela a tout son sens. Un acte historique sur lequel très peu de Béninois ne pouvaient parier, vu l’antagonisme qui a régné entre Kérékou et Soglo. Mais cette page noire de l’histoire du Bénin écrite par ces deux grands ténors de la politique béninoise, avant l’avènement du régime de Changement, enregistre aujourd’hui quelques notes de gaité. A lire dans l’attitude de Léhady, on perçoit deux messages qui tendent à rompre avec la continuité : « l’adversaire de mes parents, n’est pas mon adversaire », parlant de Kérékou, et « tous les militants sont égaux devant les textes », allusion faite à la situation de son frère Galiou exclu du parti par le 3ème congrès, pour manquement grave aux statuts de la Rb. Mais le plus dur reste à faire, réussir le pari de ramener à la maison les anciens barons renaissants.
