L’impossible réconciliation entre Yayi et Kérékou
L’ancien chef d’Etat le général Mathieu Kérékou a été reçu le mercredi dernier en audience au Palais de la Marina. Une rencontre au sommet de l’Etat qui a suscité la joie au sein des Cauris. Mais à y voir de près, il s’agit d’une visite protocolaire pour tenter de colmater les brèches qui n’a malheureusement pas réussie car ce qui oppose les deux hommes est très profond.
Le divorce entre Boni Yayi et Mathieu Kérékou a atteint son paroxysme. Sauf cas de force majeure plus rien ne pourra rapprocher les deux hommes. Depuis avril 2006 jusqu’à ce jour, la gestion du général Mathieu Kérékou a toujours été l’objet de toutes les attaques de la part des thuriféraires du régime du Changement. Mauvaise gestion, corruption, gabégie etc…sont les maux dont le régime de l’homme du 26 octobre est régulièrement accusé. L’objectif visé par les Cauris est de discréditer aux yeux de l’opinion publique l’ancien chef d’Etat. Tout a commencé avec la première tentative de résurrection de l’affaire Aïkpé où plusieurs émissions ont été organisées sur une chaîne de télévision au début du quinquennat du chantre du Changement. Une manœuvre bien orchestrée qui devait aboutir à la réouverture de ce dossier de triste mémoire afin de culpabiliser le général Mathieu Kérékou. Durant plusieurs semaines, les téléspectateurs ont vu défiler sur les écrans de cette chaîne de télévision, les acteurs de cette époque qui se contredisaient et faisaient des révélations plus ou moins croustillantes dans le seul but de rendre le président Kérékou coupable de ce meurtre qui jusqu’à ce jour n’a pas été élucidé. Les secrets d’Etat étaient sur la place publique. En un mot le peuple était en train d’être préparé psychologiquement à une révolte contre son ancien chef. N’eut été la décision de la Haac interdisant la diffusion de cette émission, les ennemis de la démocratie auraient déjà atteint leur objectif. Ayant compris l’enjeu, le général Mathieu Kérékou en bon stratège a dû quitter Cotonou pour Natitingou au cours de la même période. Hasard ou pure coïncidence ? Personne ne s’aurait le dire. Après l’échec de cette première tentative, la deuxième tentative des thuriféraires du régime du Changement a été de faire circuler des rumeurs sur le décès du Général Mathieu Kérékou. On se rappelle encore des propos de l’ancien chef d’Etat au terme de la visite que le Dr Boni Yayi lui rendu à son retour de voyage. Une fois encore l’initiative à échoué. D’où ensuite les critiques directes de ministres, députés à l’Assemblée nationale. Et comme cela ne marchait toujours pas, le livre " Mon combat pour la Parole" du ministre Rékyath Madougou est venu enfoncer le clou. Là encore les objectifs ne sont pas atteints.
Le retour de la manivelle
En se lançant dans cette campagne d’intoxication, les Cauris n’avait pas imaginé la perte de leur majorité au Parlement à travers la création du groupe parlementaire G13. Un groupe constitué essentiellement d’hommes redevables à Mathieu Kérékou. La suite est connue de tous. La candidature d’ Abdoulaye Bio Tchané a été suscitée pour l’élection présidentielle de 2011. Malgré la séance de travail tripartite entre Boni Yayi, Mathieu Kérékou et les députés du G13, la tension politique nationale n’est pas apaisée. Ainsi, voyant son fauteuil menacé à cause des agissements de ses proches collaborateurs, le chef de l’Etat a pris les commandes en mains à travers l’envoi d’émissaires à son prédécesseur et plusieurs opérations de charme dont le projet de nomination d’un de ses fils au prochain gouvernement. Face à toutes ces manœuvres politiques, le général Kérékou est resté ferme.
Les non-dits de Tripoli
Le 2 septembre, dans l’après-midi, le colonel Mouammar Kadhafi a tenté d’ organiser sous sa tente une médiation entre le président Thomas Boni Yayi et son prédécesseur Mathieu Kérékou à laquelle participait également le président Malien Amadou Toumani Touré. La rencontre n’a finalement pu avoir lieu chacun des deux hommes étant resté campé sur sa position. L’actuel chef d’Etat a accusé son prédécesseur de soutenir l’éventuelle candidature d’Abdoulaye Bio Tchané à la présidentielle de 2011, tandis que le général Kérékou a accusé son successeur de n’avoir pas respecté certains engagements pris devant certains chefs d’Etat africains. Néanmoins, il a promis lui rendre visite dès son retour à Cotonou. Ce qui a été fait le mercredi dernier dans un cadre protocolaire sans que le fond ne soit vidé.