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    La souffrance et la mort des malades continuent au vu et au su de tout le monde y compris nos dirigeants !

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    La souffrance et la mort des malades continuent au vu et au su de tout le monde y compris nos dirigeants ! Empty La souffrance et la mort des malades continuent au vu et au su de tout le monde y compris nos dirigeants !

    Message par Admin Jeu 25 Nov 2010 - 10:31


    La souffrance et la mort des malades continuent au vu et au su de tout le monde y compris nos dirigeants !



    « Si tu tombes malade en ce moment, ou bien tu te soignes dans les centres privés avec l’exploitation qu’on observe ou bien tu souffres jusqu’à ta mort »

    Cette réflexion qui est le constat sur le terrain depuis le lancement de la grève sans service minimum dans nos hôpitaux publics montre le niveau de dégradation du système sanitaire béninois et la tragédie que vivent les honnêtes et pauvres citoyens du Bénin. Pour une question de prime dite de « motivation », on laisse mourir au vu et au su de tout le monde même ceux qui se disent « dirigeants » de notre pays.


    Et pourtant, ce secteur de la santé a des responsables qui devant les milliers de mort qu’on observe se disent Ministre, Directeurs de cabinet, Conseillers, Syndicats et autres. Ils roulent dans les voitures à la charge des contribuables qui souffrent. Ils bénéficient des avantages du pays en laissant mourir sans aucune action concrète les pauvres contribuables.


    Surtout si l’on sait qu’avant le lancement de cette grève, les syndicalistes ont passé tout un temps à avertir, à exprimer leur mécontentement. Ils ont fait des séances pour sensibiliser l’opinion publique sur cette grève néfaste. Ils ont parlé d’injustice car dans ce secteur, certains perçoivent pour cette « prime de la mort » cent mille (100.000) FCFA dit-on et d’autres six mille (6.000) FCFA ou rien du tout.

    Ailleurs, dès le lancement de cette grève qui entraîne encore des centaines de morts, l’on aurait assisté à la démission des principaux responsables de ce secteur ou à défaut le limogeage de certains dirigeants.

    Mais ici dans ce pays qu’on appelle BENIN, notre cher pays, c’est le silence radio. Malgré les images insoutenables de nos télévisions et de la presse écrite, on ne fait rien pour calmer sinon même arrêter cette tragédie nationale.

    La législation qui dans ce cadre a prévu la réquisition est violée allègrement. On oublie son « serment » pour affaire de prime et aucune autorité y compris les parquets de nos tribunaux n’arrivent pas à restaurer l’autorité de la loi en interpellant ceux qui démobilisent les quelques travailleurs consciencieux
    . L’autre fois, on a vu sur une chaîne de la Télévision, un syndicaliste en pleine action de démobilisation sans être inquiété. Et pourtant le fait d’empêcher un travailleur qui en temps de grève souhaite faire son travail est interdit même si l’on est syndicaliste.


    Au Bénin, tout se passe comme si la santé des citoyens n’est pas prioritaire. L’on s’amuse avec la vie humaine. Les Organisations Internationales, les Militants des droits de l’homme, même ceux qui ont des représentations dans le pays se taisent. Eh oui ! Tout le monde se tait un peu pour dire « Au Bénin ! Silence on tue ! »

    Au Bénin, c’est connu de tous. Toutes les familles ont des témoignages à présenter pour illustrer ce triste tableau. Des personnalités en passant par le plus petit Béninois en savent quelque chose. Le système sanitaire est en décrépitude ! Le malade meurt sans aucune interpellation des auteurs des négligences, des fautes professionnelles et des erreurs médicales. L’on se souvient encore de la première grève sans service minimum dans les hôpitaux publics ayant entraîné des morts par centaine. Alors que les familles n’ont pas fini de pleurer ces morts que nous appelons « martyrs du système sanitaire béninois », on vient encore de relancer la tuerie. Encore la grève sans service minimum dans le secteur santé avec son cortège de mort.

    Notre pays est-il vraiment dirigé ?

    Avons-nous un cœur ?

    Sommes –nous conscients de ce qui se passe dans ce pays appelé « le Bénin » ?


    Bientôt ils passeront ! Ces dirigeants passeront sur nos chaînes pour nous parler de LEPI, Election, soutien, Majorité, opposition, audace …. D’autres sans honte parce que acteurs de ce système « sanitaire en décrépitude » diront : « on regrette, on s’excuse, les instructions sont données… » Et pourtant c’est la vie humaine, la vie du pauvre Béninois qui est une fois encore sacrifiée.

    De quoi demain sera-t-il fait ?


    Même sans grève, des milliers de Béninois mouraient déjà pour des affections qui peuvent être guéries si l’on faisait de la maladie une priorité ou si au moins chacun s’occupe bien de sa mission régalienne. A titre d’exemple, la généralisation du vaccin contre l’hépatite B pourrait protéger de nombreux enfants béninois. Beaucoup de pays l’on compris ! Ils l’ont si bien compris que tous les enfants sont systématiquement vaccinés avec des campagnes régulières. La France, le Maroc…pour ne citer qu’eux ceux-là ont des politiques pour ne serait-ce que préserver les jeunes et les enfants de ce mal qui est évité par un « vaccin » si le patient n’a pas été encore infecté par le virus. Dans ces pays qui respectent la vie humaine, ceux qui portent ce virus bénéficient d’un accompagnement à travers la mise en place d’un plateau technique adéquat pour suivre les porteurs du virus. Car ces pays qui prennent ce genre de mesures savent que l’avenir d’un pays, ce sont les jeunes, les enfants.


    En France par exemple, la campagne contre l’hépatite B a été lancée en juillet 1994. Il y a 16 ans. A l'époque, le ministre de la santé, Philippe Douste Blazy affirmait: « L'hépatite B constitue l'un des risques infectieux majeurs de cette fin de siècle ». Les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'hépatite B continue d’être effrayants. On estimait à deux milliards le nombre de personnes infectées et à 350 millions celles porteuses d'une hépatite B chronique. Les régions les plus touchées restent l'Asie et l'Afrique. L'hépatite B tue plus que le sida qui par contre, bénéficie d’un programme de sensibilisation et de lutte.

    Quelle est la situation au Bénin ? Quelle politique avons-nous contre cette maladie ?

    Rendre obligatoire le vaccin contre l’hépatite B ne pourrait pas être une priorité dans notre pays ?


    Notre réponse est oui car rien qu’à prendre en compte les milliards de francs CFA que l’on dit « détournés » par ci et par là, on peut mettre en place un programme contre ce mal qui tue plus que le sida.

    Peut-être que le projet existe et on attend les Partenaires Techniques Financiers ? Quelle tristesse après cinquante ans d’indépendance ?

    Le système sanitaire béninois est caractérisé par un certain laisser-faire en matière de gouvernance qui a permis l’éclosion de ce que l’OMS a appelé dans son dernier rapport « une marchandisation incontrôlée et déréglée de la santé ».


    Nous vivons une marchandisation déréglée de notre système sanitaire. En effet, pendant que le service public en matière de santé est détruit par les grèves, la question des primes, le manque de moyen, le vol des équipements médicaux, les détournements…, le service privé de santé quant à lui est caractérisée par une « marchandisation dérégulée ». Ici, les prix sont fixés au gré des acteurs sans prendre en compte l’avis des usagers. On assiste à l’augmentation anarchique des prix. Le prix de la consultation passe du simple au double sans aucune réaction de l’autorité. Et comme si l’autorité l’accepte de fait (puisqu’il rejoindra sa clinique après avoir été déchargé de sa fonction de ministre), les usagers de ce service subissent malheureusement ce complot. Dans certains milieux, on parle de prise en otage des malades car les praticiens de santé du secteur privé fixent un prix qui s’applique au niveau des grands centres connus des Béninois. Ce sont des « centres de renom ». Un tour dans ces centres pour s’en convaincre. Pas de discussion sur les prix. Quelquefois, aucune explication sur les soins. On demande des examens qui n’ont rien à voir avec la maladie. On prescrit des médicaments qui pour certains cas aggravent les malaises. Le passage du médecin chez le malade hospitalisé est facturé en dépit des coûts des prestations… On fait tout simplement du « commerce » dans ce secteur où justement le commerce est interdit.

    Le malade béninois « subit » silencieusement sans aucune possibilité de plainte car le secteur public qui doit jouer son rôle régalien est déjà en déconfiture. Ce secteur a été tué par ces mêmes bourreaux. Aucune structure n’est fonctionnelle pour aider les malades « escroqués ». Les Organisations des consommateurs sont presque inexistantes. Toutefois, on trouve une ONG appelée « GASVIE » qui crie sans être écouté. Même l’ordre des Médecins qui est censé joué un rôle « d’ordre dans le secteur » est presque inopérant. Un tour au lieu qui fait office de siège de cette institution est assez édifiant pour se convaincre de sa situation. Et dans cette situation, des Organisations Non Gouvernementales aussi se lancent dans le secteur déjà assez sensible de la santé sans aucune autorisation.

    Cette tendance observée dans le système sanitaire n’est pas de nature à permettre la satisfaction complète et équilibrée des besoins sanitaires. Au Bénin, l’accès inéquitable aux soins qui en résulte, de même que l’appauvrissement qu’entraînent leur coût et l’érosion de la confiance qu’inspirent les soins de santé constituent une menace pour la stabilité sociale.


    Peut-on gouverner un pays dans une pareille situation sans rien faire ?


    Sans aucune réaction sérieuse, cette situation regrettable a stimulé le développement d’une marchandisation des soins, que l’on peut définir ici comme « l’offre de prestations de santé contre rétribution, que le prestataire de services appartienne au secteur public, au secteur privé ou au secteur associatif (ONG) ». La marchandisation des soins de santé a pris des proportions sans précédent dans notre pays qui, par choix ou par manque de moyens, n’est pas capable de réglementer le secteur sanitaire.

    Sans un système efficace agissant comme freins et de contrepoids, on peut se rendre compte de ce à quoi aboutit une telle situation en écoutant les usagers eux-mêmes ou en lisant certains articles de presse qui expriment l’indignation soulevée par la rupture du contrat de confiance implicite entre le soignant et son patient. Ceux qui n’ont pas les moyens sont exclus ; ceux qui les ont ne reçoivent pas forcément les soins dont ils ont besoin et en reçoivent souvent d’inutiles, qu’ils payent invariablement trop cher. La marchandisation des soins rend le système de santé béninois très inefficace et très coûteux. Elle accentue les inégalités, conduit à des soins de qualité médiocre voire parfois dangereux, qui sont néfastes à la santé et contribue largement à émousser la confiance des usagers dans les services de santé et dans la capacité des autorités sanitaires à protéger la population.

    Cet état de choses, dont les responsables politiques béninois ne se préoccupent guère pour l’instant constitue l’une des principales raisons du soutien qui se manifeste de plus en plus en faveur de réformes susceptibles de permettre au système de santé non seulement de mieux agir face aux problèmes sanitaires de l’heure, mais aussi de répondre davantage aux attentes de la population. Mais dans la réalité, les fonds alloués au secteur de la Santé sont détournés pour faire des tournées inutiles, des constructions sans intérêts, des commandes pas nécessaires…


    N’est t-il pas mentionné dans la constitution de l’organisation Mondiale de la Santé (OMS) dont le Bénin est membre que « La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ».

    Le droit à la santé suppose que les pouvoirs publics créent des conditions telles que chacun puisse jouir du meilleur état de santé possible. Le droit à la santé est très bien consacré par la Constitution du 11 décembre 1990 en son article 8. Il est également consacré par de nombreux instruments internationaux et régionaux sur les droits de l’homme. On peut citer le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966); la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (1979); la Convention relative aux droits de l'enfant (1989), la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des peuples de 1981 qui fait partie intégrante de la Constitution du Bénin, le Protocole additionnel à la Convention américaine relative aux droits de l’homme traitant des droits économiques, sociaux et culturels (Protocole de San Salvador) (1988).

    La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale. La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité ; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des Etats.

    Ceux qui aspirent à la gestion de notre pays le Bénin ou celui qui pense rempiler doivent nous proposer de manière claire un programme cohérent, une politique de « reprise » de notre système sanitaire. Nous voulons que le droit à la santé soit une priorité dans les prochaines politiques, que ce droit quitte la phase de discours, des inaugurations, des tournées sans intérêts pour les citoyens.

    Le droit à la santé est une exigence constitutionnelle qui précède la construction des routes et des passages supérieurs. C’est vrai que nous avons forcément besoin des routes et des échangeurs, c’est aussi vrai que si l’on est victime d’accident sur ces routes, c’est un bon système sanitaire en place qui nous sauvera. Aujourd’hui, les victimes d’accident de circulation qui sont pris par nos valeureux sapeurs-pompiers sont laissées, abandonnées dans nos services d’urgence. Disons plus simplement qu’elles sont laissées à la mort pour faute de paiement des frais d’admission.

    Il faut commencer à mettre un peu d’ordre dans la maison « santé » du Bénin.

    Ce qui se passe chez nous en matière de santé publique est inacceptable et tout le monde le sait sans réagir.

    Je continue de penser que la réforme de notre système sanitaire doit commencer par une « rupture courageuse ». Commençons par enlever de la tête de ce département ministériel, les médecins et praticiens de la santé car depuis l’indépendance, ils ont été toujours à la tête de ce département pour que nous soyons là. Nous les prions de s’occuper des malades et que d’autres corps qui peuvent mener des réformes prennent ce département qui est « vital » pour nous. Un calcul du nombre de médecins en poste dans ce département ministériel et animateurs des projets dans ce secteur en dit long.


    Le serment prêté à l’entrée en fonction n’est pas d’aller diriger ni occuper des postes ministériels mais soigner les malades. Si c’est quelque « chose » qui justifie l’afflux vers les postes de direction, changer de direction à cette « chose « afin que nos médecins s’occupent vraiment des malades et non des réunions, des évacuations sanitaires alors qu’on est seul spécialiste dans le secteur.

    Les milliards engloutis dans ce département ministériel méritent mieux que ce que nous en faisons actuellement. Ce n’est plus une affaire de séminaire ou réunion car le Bénin en a beaucoup fait. La dernière expérience en matière de rencontre de haut niveau sur la question de la santé reste les états généraux de la santé du Bénin.

    Où sont les résultats de cette assise qui a connu la participation d’autant d’invités.

    Et pourtant ce sont les ressources des contribuables béninois qui ont été mobilisées.

    Cessons de nous amuser avec la vie humaine car trop c’est trop. N’oublions pas que l’article 8 de notre Constitution du 11 décembre 1990 dispose que « La personne humaine est sacrée et inviolable… ».


    Serge PRINCE AGBODJAN

    Juriste/Doctorant rattaché au CRDP/Centre de Recherche de Droit Privé de l’Université de Nancy II/France




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