Ellen Johnson Sirleaf à l’" école" du Bénin

Ellen Johnson Sirleaf à l’" école" du Bénin

Ellen Johnson Sirleaf au Bénin. Le chef de l’Etat du Liberia est à Cotonou depuis hier. Pour une visite d’amitié et de travail de quarante huit heures. A l’invitation du président Boni Yayi qui, faut-il le rappeler, était à Monrovia. Il y a exactement deux ans. Plus précisément les 07 et 08 août 2007. A cette occasion, les deux chefs d’Etat s’étaient engagés à œuvrer au renforcement des relations de coopération entre les deux pays. Ceci, à travers la mise en place d’une commission mixte de coopération. Aussi bien dans les domaines économique, scientifique et technique. Que sur le plan culturel. Avec une mention spéciale quant à ce qui concerne l’appui du Bénin à la reconstruction du Liberia. Après les années de guerre. C’est tout ça qui explique la présente visite du numéro un libérien.

Plus concrètement, Ellen Johnson Sirleaf est à Cotonou pour concrétiser les engagements bilatéraux. Dans ce cadre, il s’agira pour le Bénin de faire profiter à ce " pays-frère ". Primo. Son ingénierie locale en matière de travaux publics. A travers des structures comme le Génie militaire. L’Agetur. L’Agence de gestion des travaux urbains. L’Agetip. L’Agence de gestion des travaux d’intérêt public. Qui auront bientôt à faire valoir leur savoir-faire au Liberia. Secundo. Son expertise en termes d’éducation et de formation. A ce propos, le Bénin est disposé à accorder des bourses de formation au profit d’étudiants et d’officiers libériens. Aux fins de leur assurer un encadrement de qualité. Notamment à l’Ecole des Sous-officiers de Toffo. Au Sud-Bénin. Tertio. Son expérience en matière d’innovation agricole. Justement ce jeudi, la délégation présidentielle libérienne se rend en visite de prospection, au Centre Songhaï. A Porto-Novo. Pour donner corps à tous ces engagements, il est prévu la signature, toujours ce jeudi, de deux Accords de coopération au Palais de la Présidence de la République du Bénin. Par les ministres des Affaires étrangères des deux pays.

Du point de vue politique, la visite de la présidente libérienne prouve l’excellente qualité des relations entre Monrovia et Cotonou. Elle est également l’expression du rôle de plus en plus affirmé de notre pays sur la scène africaine. En tant que premier pays du continent à " embrasser " la démocratie. Un pays connu pour être un havre de paix et un modèle en matière de stabilité politique. Par ailleurs, que la première femme présidente d’Afrique. Diplômée de la célèbre université privée américaine du Harvard. Economiste chevronnée, entre-temps ministre de l’économie de son Liberia natal visite le Bénin, est un symbole fort. Le Liberia attire aujourd’hui les chancelleries de la planète entière. Non seulement parce qu’il a un gouvernement démocratiquement élu. Mais surtout parce qu’il a, à sa tête, une femme. A ce sujet, l’actualité diplomatique de ces dernières semaines est éloquente. Il est désormais difficile de venir en Afrique sans passer par Monrovia. George Walker Bush, le prédécesseur du président américain, Barack Obama, y était en 2008. L’actuel secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, en tournée africaine au nom de l’actuel patron de la Maison Blanche, aussi. En août dernier. Et la liste n’est pas exhaustive.

Enfin, la visite d’amitié et de travail de la présidente libérienne, qui était déjà à Cotonou en juin 2008, dans le cadre du sommet de la CEN-SAD. Nous rappelle, s’il en était encore besoin, que le chemin qui construit la paix au Liberia, est passé par le Bénin. Car, ne l’oublions pas, le premier Accord, qu’on peut encore appeler l’ " Accord fondateur " du Liberia d’après-guerre, a été signé à Cotonou. En juillet 1993. Le Bénin assurait à l’époque la présidence de la CEDEAO. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Tous les autres Accords de paix sur le Liberia, y compris le dernier en date, signé en août 2003, font référence à l’Accord de Cotonou. En cela, Cotonou représente beaucoup pour le pays d’Ellen Johnson Sirleaf. Le fait que les forces armées béninoises sont fortement impliquées dans les opérations de maintien de la paix au Liberia n’est pas la moindre des fiertés pour le premier-né des démocraties africaines. De quoi conclure que le modèle béninois fait toujours recette.