LE FORUM DE SOCIALPARTNERS

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

    BONI YAYI PASSE AUX AVEUX

    Admin
    Admin
    LE Grande Guide


    Messages : 1565
    Réputation : 0
    Date d'inscription : 29/05/2009
    Localisation : Cotonou

    BONI YAYI PASSE AUX AVEUX Empty BONI YAYI PASSE AUX AVEUX

    Message par Admin Mer 19 Aoû 2009 - 10:29


    BONI YAYI PASSE AUX AVEUX



    Le scandale politico financier lié à la préparation du dixième sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la Cen-Sad est venu conforter l’opinion dans les appréhensions formulées par la représentation nationale au sujet du collectif budgétaire sollicité par le gouvernement en novembre 2008 pour entériner des dépenses déjà engagées, puis quelques unes à venir. Un doigt accusateur avait été pointé sur des malversations entrevues par différents responsables politiques sur des rubriques dudit collectif budgétaire. Une fois les malversations mises à nue, seule la responsabilité de Boni Yayi est désormais engagée. Il avait en effet décidé seul de botter en touche la représentation nationale en prenant les mesures exceptionnelles que lui confère la Constitution. Les princes de l’émergence avaient embouché la trompette de l’esclandre pour décréter que ceux qui ne voulaient pas valider les dépenses extrabudgétaires sont des apatrides. Les mesures préventives et correctives puis les sanctions qu’il prendra suite à l’affaire devront situer l’opinion sur l’implication directe Boni Yayi.

    Le mépris que la classe politique avait été l’objet lors de la préparation du sommet évoqué a donné une dimension spéciale au scandale politico financier qui en a résulté. Boni Yayi devrait en effet consulter les responsables politiques à divers niveaux. Le président Nicéphore Dieudonné Soglo a dû déplorer que des bâtiments fussent érigés sur des domaines qui ne sont pas les mieux adaptés pour la circonstance, surtout dans la zone aéroportuaire. Dans une moindre mesure peut-être, les anciens présidents de l’Assemblée nationale auraient dû être consultés dans le souci du dialogue politique. En tout cas il ne me paraît pas décent que ce soit à la veille de l’ouverture dudit sommet que Boni Yayi doive envoyer deux ministres à chacun de ces personnalités politiques pour leur demander de se présenter à huit heures au lieu de la cérémonie en attendant que le guide Libyen se pointe à une heure non convenue. Il n’était donc pas étonnant qu’elles eussent brillé par leur absence à l’ouverture dudit sommet.

    On n’est bien dans une situation où, dans les grandes démocraties, le président de la République doit être accusé de parjure. L’opinion publique ainsi indignée se demande pourquoi le gouvernement ne saisit pas directement la justice qui est habilitée à recourir à des expertises avérées au lieu de confier les travaux de l’IGE à un Comité de ministres qui "n’est pas parvenu à situer nettement les responsabilités réelles des uns et des autres dans les faits répréhensibles relevés" (sic). Elle est en tout cas confortée dans l’idée que l’entourage politique de Boni Yayi est composé de personnes ayant servi d’ingrédients à une cuisine faisandée et que le poisson pourrit par la tête. La presse internationale s’était fait l’écho de ce scandale, ce qui est très préjudiciable pour l’aide au développement sans laquelle notre mieux-être est hypothéqué. Il faut s’apitoyer sur la posture dans laquelle Boni Yayi s’était mis et qui l’avait contraint à s’agiter à la manière d’un pithécanthrope et se confondre en bondieuseries, excuses et pardon dans son one man show télévisé du 1er août 2009 alors que sa fonction requiert la tempérance. Il avait, à maintes reprises, asséné la célèbre formule de l’ancien ministre socialiste français Georgina Dufoix "je suis responsable mais pas coupable", oubliant que cette dernière connaissait les coupables dans l’affaire du sang contaminé qui l’avait amené à utiliser la formule. Boni Yayi aurait certainement honte de lui-même s’il s’entendait dire une fois encore "je ne savais pas" sur un dossier portant sur plusieurs milliards de nos francs. Il se reprochait certainement beaucoup de choses parce qu’il s’était un peu trop appesanti sur une affaire dont il avait appelé à ne pas parler avant le rapport de la commission Kpognon qu’il avait mise en place pour y faire la lumière plutôt que de tracer des perspectives devant corriger le tir dans sa démarche de lutte contre la corruption.

    C’est Boni Yayi et ses princes émergents qui avaient commencé à semer la peur en diabolisant leurs prédécesseurs qu’il appelle maintenant à lui tendre la main pour qu’ensemble il bâtissent le Bénin. Le docteur avait bien joué là les médecins après la mort. Je retiens surtout de son monologue qu’en demandant plusieurs fois pardon au peuple, il confesse clairement son impéritie ; je peux personnellement demander à Dieu qu’Il lui accorde sa miséricorde, mais il ne m’arrivera pas de demander à mes concitoyens de lui renouveler son mandat. En nous servant à nouveau que c’est de son propre chef qu’il avait vulgarisé le rapport de l’IGE qui avait révélé le scandale, Boni Yayi donne du grain à moudre à ceux qui disent qu’il a érigé le mensonge en système de gouvernance. Les deux charmantes journalistes qui paraissaient si médusées par sa prestation n’avaient pas pu lui demander pourquoi il n’avait pas alors vulgarisé une synthèse de rapport volumineux des audits commandités à grand frais au début de son mandat. En marge de la commémoration du quarante-neuvième anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, Boni Yayi avait plus besoin d’envoyer un signal fort pour rassurer que de se livrer à un exercice communicationnel qui avait finalement convaincu l’opinion publique qu’il a passé trop de temps à infantiliser les masses populaires qu’il a fini par oublier qu’il est appelé à gouverner. Il nous avait avoué indirectement qu’il était si occupé à préparer sa réélection qu’il n’avait pas le temps d’aller en Conseil des ministres. Il est très indélicat de gouverner par procuration, et il s’était bien moqué de nous en nous le disant de façon aussi brute. Je demanderais alors humblement à tous ceux qui s’étaient offusqués de ce que Maître Adrien Houngbédji l’avait traité de président fantôme de revenir à la raison.

    Le mot fantôme utilisé par Maître Adrien Houngbédji désigne généralement une personne qui n’existe que dans l’imagination ou bien une personne qui existe effectivement mais ne joue pas son rôle. Plus littérairement, il s’agit d’une personne sans consistance et qui ne mérite pas d’être pris au sérieux. Dans un contexte purement politique, la ligne de défense sentimentaliste et spirituelle empruntée par Boni Yayi au cours de l’entretien du 1er août 2009, l’avait mis dans la peau de quelqu’un qui n’est rien moins que cela. Et Maître Adrien Houngbédji n’avait donné que dans un humour à la limite affectif, ce qui est beaucoup moins choquant que le fait pour un président de la République de désigner un ex-ministre de la République par "ce garçon" ou d’appeler de très honorables mères de famille par leur prénom devant des millions de téléspectateurs.
    Boni Yayi avait déjà fait honte à ses concitoyens en appelant la communauté des bailleurs de fonds à l’aider à mettre en place une politique efficiente de lutte contre la corruption, ce qui prouve bien qu’il n’avait rien concocté pour le fléau dont il s’est fait le chantre de la lutte. La bonne preuve est que Maître Marie Elise Gbèdo avait pointé une proposition de loi qui, depuis des lustres, sous la férule de la Cellule de la moralisation de la vie publique, avait été élaborée par d’éminents professionnels du droit. Elle avait estimé que ladite proposition de loi doit sortir des tiroirs si Boni Yayi veut réellement lutter contre la corruption. En tout état de cause, la bonne foi de Boni Yayi dans cette lutte reste toujours à prouver. Nous attendons de voir l’évaluation des actions réalisées dans le cadre du projet de société de Boni Yayi. La bonne gouvernance avait constitué un pan important dans le discours de mobilisation de Boni Yayi. En effet, "Je considère comme crucial pour le Bénin la question de gouvernance définie comme un corps de valeurs universelles devant inspirer les bonnes pratiques en vue de réconcilier le politique, l’économique et le social en proposant de nouvelles formes de régulation qui mettent l’accent sur la participation, la négociation et la coordination, autrement dit comme un processus de coordination d’acteurs, de groupes sociaux, d’institutions, pour atteindre des buts propres discutés et définis collectivement" pouvait-on lire dans le projet de mobilisation de Boni Yayi pour l’élection présidentielle de mars 2006. Qu’en est-il aujourd’hui ? On peut dire sans le moindre risque de se tromper que la plupart des Béninois considèrent que ce n’était qu’une bonne dose d’anesthésie !

    L’une des meilleures illustrations de la navigation à vue dont fait preuve Boni Yayi dans sa gestion des affaires nationales est la décision d’investir dix milliards de nos francs dans l’acquisition des machines agricoles avant même d’avoir identifié les terres cultivables. La révolution verte prônée par nos émergents est l’un des axes de développement le mieux partagé par tous les protagonistes de la question. Tout le monde est d’accord que cela passe nécessairement par la mécanisation de l’agriculture qui doit permettre une meilleure productivité. Le risque dans la démarche de Boni Yayi est que les machines acquises ne soient pas adaptées aux terres et deviennent un tas de ferraille avant d’avoir servi. Etant donné que sous le président Mathieu Kérékou, la question des terres avaient été évoquée pour justifier l’échec de la promotion de la filière manioc qui avait englouti cinq milliards de nos francs, l’opinion peut se demander si la précipitation dans l’acquisition des machines ne cache pas quelques malversations financières.

    J’avais largement prévenu que la charge présidentielle est si importante que nous avons le devoir d’instruire les électeurs sur le fait que le choix ne doit pas se faire sur des bases superficielles. On ne peut pas faire fi du capital d’expériences puis de connaissance du pays, notamment de ses institutions, de ses forces sociales, de son potentiel économique et du fonctionnement de son administration, toutes choses qui confèrent la capacité à gérer efficacement un gouvernement responsable. Cela m’amène à dire que je serais beaucoup plus sensible au pardon de ceux qui ont suscité ou soutenu la candidature de Boni Yayi qu’au sien propre car je reste convaincu qu’il n’avait été qu’un instrument à la cause de calculs politiciens sordides. Seules les lumières de la raison auraient pu nous indiquer le meilleur d’entre nous en 2006 pour conduire les destinées de notre nation. Puisse Dieu éclairer notre chemin pour nous éviter de nous tromper à nouveau en 2011 !

    Ismaêl KAFFO

      La date/heure actuelle est Jeu 2 Mai 2024 - 21:17