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    CRISE IVOIRIENNE: UNE EPREUVE SUPREME AU CŒUR DE L’ACTUALITE INTERNATIONALE

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    CRISE IVOIRIENNE: UNE EPREUVE SUPREME AU CŒUR DE L’ACTUALITE INTERNATIONALE  Empty CRISE IVOIRIENNE: UNE EPREUVE SUPREME AU CŒUR DE L’ACTUALITE INTERNATIONALE

    Message par Admin Mer 29 Déc 2010 - 11:34


    CRISE IVOIRIENNE: UNE EPREUVE SUPREME AU CŒUR DE L’ACTUALITE INTERNATIONALE


    Ce dossier ivoirien, en cette fin d’année et de célébration du Cinquantenaire des indépendances, tient vraiment le monde en haleine. Revenons-y avec des développements axés sur quatre points :


    - La juste demande d’évaluation de Laurent Gbagbo qui fait peur

    - La contre-opinion à l’opinion internationale

    - Le Sommet d’Abuja : médiation qui ne dit pas son nom ou veillée d’armes avant l’assaut ?

    - Honneur et gloire à l’Angola, digne terre d’Afrique




    I. LA JUSTE DEMANDE D’EVALUATION DE LAURENT GBAGBO QUI FAIT PEUR

    Dans la résolution équitable d’un litige, que ce soit par voie judiciaire ou amiable, la perquisition, la fouille, l’enquête sont toujours le point de départ indispensable pour rassembler les preuves à l’intention de ceux qui sont censés dire le droit ou trouver un règlement de gré à gré.

    Dans son dernier Message à la nation, c’est à cette exigence naturelle qu’en appelle Laurent Gbagbo. Il dit en quelque sorte à la communauté internationale : « Je suis en conflit avec mon adversaire. Chiche ! Ne tranchez pas (encore que vous n’en ayez pas le droit) sur qui a gagné sur l’autre avant d’avoir évalué la situation. Demandez à tout un chacun de produire son mémoire en défense ; envoyez une mission sur le terrain pour éclairer sa propre religion ».

    Face à de telles situations, il est rare de voir celui qui est dans son bon droit, qui dispose d’un dossier en béton, rechigner à se soumettre aux investigations préliminaires.

    Nous aurions donc dû voir les adversaires de Laurent Gbagbo se réjouir de cette demande qui ne pouvait que doucher celui qui l’a requise. En effet, ils affirment avoir le droit avec eux, et toute la communauté internationale avec ses moyens diplomatiques, financiers, militaires, politiques…, est acquise à leur cause. De surcroît, nombre d’ ONG de défense des droits humains (Amnesty International, RADDHO, FIDH…), la Commission des Droits de l’homme des Nations Unies, la CPI, lancent régulièrement des mises en garde, agitant le couperet de sanctions graves pour celui qui, condamné avant enquête et procès, refuse d’en tirer les conséquences. Assurément, on en viendrait à se convaincre de la confusion qui attend Laurent Gbagbo.

    Il y a donc manifestement de la part de tout ce beau monde quelque chose de bizarre dans ce rejet instinctif et définitif de la fouille au corps, de l’évaluation demandée. Mais attendez-là : si tu prends quelqu’un que tu accuses d’avoir caché dans le sac qu’il tient en mains, ton portefeuille, que tu lui demandes en public de l’ouvrir pour prouver qu’il n’est pas le voleur que tu prétends, il devrait le faire avec empressement, histoire de se laver de l’ignominieuse accusation et de se retourner contre toi en procès pour dénonciation calomnieuse. S’il s’y refuse et le public avec lui, ma foi, c’est que le corps du délit se trouve bel et bien dans le sac et qu’il y a complicité.

    Le refus de l’évaluation, dans le cas d’espèce, tout le monde le sait du reste, cache la crainte de voir apparaître le pot-aux-roses : les fraudes, les violences, les manipulations multiples des résultats, etc., essentiellement dans le nord, l’ouest et le centre du pays. D’ailleurs, pour en avoir un avant-goût, il suffit pour cela, sans transport sur les lieux, de se poser les quelques questions suivantes.

    - Pourquoi la communauté internationale n’a pas exigé le désarmement au nord alors que l’Accord politique de Ouagadougou le prévoyait au plus tard deux mois avant la tenue du scrutin ? (article 3 de l’avenant IV du 22/12/2008).

    - Pourquoi les partenaires ont-ils tant pressé à la tenue du scrutin alors que la Constitution ivoirienne en faisait interdiction en cas de division du territoire national (article 38 de la loi fondamentale) ?

    - Pourquoi a-t-on laissé les fraudes et les violences se dérouler dans les régions querellées alors que l’engagement avait été pris, et que cela ressortait de la loi et des dispositions réglementaires que la CEI prendrait toutes les dispositions pour que le scrutin se déroule dans la transparence ? (article 2 chapitre 2 de la Loi n°2004-642 du 14 décembre modifiant la loi n° 2001-634 du 9 octobre 2001 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Commission Electorale Indépendante)

    - Pourquoi n’a-t-on rien entrepris pour vérifier l’état réel de ces fraudes alors que cela avait été dénoncé par des observateurs africains indépendants accrédités par l’Union africaine et acceptés par la CEI, composée, faut-il le rappeler, aux ¾ de membres du RHDP ?

    - Pourquoi, alors que la CEI est astreinte au consensus pour la proclamation provisoire des résultats et alors qu’elle était confrontée à une mésentente fondamentale en son sein, a-t-on vu le président s’extraire du siège de l’institution pour aller dans un hôtel, QG d’un concurrent, balancer des résultats devant des médias étrangers au lieu de faire dresser un procès-verbal de carence comme cela se devait bien évidemment ? (le membre de la CEI du camp Gbagbo Mr Pikas, a vainement demandé ce PV).

    - Pourquoi, alors que les deux candidats du second tour avaient signé un engagement de respecter les procédures électorales établies par la loi ivoirienne, notamment au niveau des compétences reconnues à la CEI mais aussi au Conseil constitutionnel, un candidat soutenu par la communauté internationale viole le texte en déniant le droit à ce Conseil de proclamer les résultats définitifs et ce devant le Facilitateur ? (Appel du 27-11-2010 aux électeurs pour un scrutin présidentiel apaisé, à lire ci-dessus)

    - Pourquoi la communauté internationale, alors que le temps imparti à la CEI pour annoncer les résultats était échu, et après que le Conseil constitutionnel en ait fait le constat et élevé le dossier à son niveau, a-t-elle choisi quand elle n’en avait pas le droit, de se prononcer en faveur d’une proclamation venant d’une structure électorale incompétente et d’une certification établie par un fonctionnaire des Nations Unies qui n’en avait pas les habilitations ? Et ce, circonstance aggravante et digne d’un polar de mauvais goût, comme l’a relaté avec humour Laurent Gbagbo, après un rocambolesque enlèvement par les ambassadeurs des USA et de la France du président de la CEI aux fins de l’amener à l’Hôtel du Golfe pour y proclamer des résultats, dans le Quartier général du candidat Ouattara. Le tout en violation du Code pénal ivoirien, de l’article 94 de la Constitution ivoirienne stipulant que « Le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs des élections présidentielles », et de la Charte des Nations Unies en son article 1 qui proclame le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et en son article 2 qui garantit la souveraineté des Etats.

    - L’examen de ces seules questions donnera déjà des réponses éclairantes à une pré-évaluation sur pièces avant d’en être à n’en pas douter édifié par un transport sur les lieux où le règne sans partage, hors normes juridiques, de la rébellion sur une population prise en otage, apportera des preuves surabondantes quant à la tenue dans des conditions non transparentes, non équitables et non libres du scrutin. Mais parce qu’on est convaincu d’avoir bien agi en bande, qu’on tient le bon bout à force de battage médiatique, de pressions de toutes sortes, diplomatique, financière, militaire, qui ont embarqué tout le monde dans la monumentale cabale contre la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le Droit, on se braque contre une procédure qui dévoilerait à la face de tous, une vérité sur un crime continé qui peut faire tomber des têtes et faire trembler le monde ! L’aveu de culpabilité qui donne raison à Laurent Gbagbo avant procès, se trouve dans le refus de cette administration saine et équitable de la Justice.


    II. LA CONTRE-OPINION A L’OPINION INTERNATIONALE

    Jamais cette chose, ce « machin » comme le Général de Gaulle appelait les Nations Unies, n’a autant donné le sentiment d’une existence réelle qu’à l’occasion de la crise ivoirienne. C’est vrai, la communauté internationale, logée au cœur de cette enceinte, joue des pieds et des mains pour imposer son ordre mondial au travers de la Côte d’Ivoire. Rares sont les capitales, les sièges d’organisations internationales, les médias, qui ne reprennent en écho Sa Vérité sur le pays d’Houphouët : il y a deux présidents en Côte d’Ivoire, un président autoproclamé comme ils aiment dire, bref un voleur de pouvoir et il s’appelle Laurent Gbagbo et il y a à côté un président légitime, Alassane Ouattara et il faut que le monde entier s’unisse pour le placer à la tête du pays. Mais il y a des faits et des personnes, des sacrifices comme à Massada, comme dans l’enclave gauloise du monde romain, qui continuent à témoigner que le sens des valeurs n’a pas muté, que le blanc ne s’est pas converti en noir, que la vérité reste la vérité et le mensonge, le mensonge, que Laurent Gbagbo est le seul président de la Côte d’Ivoire, tant du point de vue de la légalité que de celui de la légitimité et qu’il n’y en a pas d’autre car cela ne se peut sauf faux de la communauté internationale. Ils persistent et signent que contrairement à ce qu’on veut faire croire, Gbagbo n’est pas sur le départ, qu’il a remporté des batailles et surtout qu’il n’est pas seul. Oui, il y a une contre-opinion à l’opinion internationale. On peut en sourire devant le matraquage médiatique, mais attention, on le sait, un petit vent peut venir à bout d’une grosse tempête.

    LES FAITS A DECHARGE

    Après ce vain appel à l’Armée du Général Philippe Mangou à faire allégeance à Alassane Ouattara, après l’offensive échouée sur la RTI et sur la Primature comme après l’exhortation à la désobéissance civile à laquelle les Ivoiriens ont désobéi,
    La vie administrative et économique reprend.

    il a été démontré qu’il existe dans cet Etat un pouvoir dans lequel le peuple et son Armée se reconnaissent. Le Général Mangou, que Guillaume Soro disait, sur les ondes (RADIO ONUCI, s’il vous plaît !) avoir « récupéré » avec quelques autres officiers, a réitéré sa fidélité et celle de l’Armée au pouvoir en place, osant même répliquer à l’UE que c’était lui qu’elle aurait dû sanctionner mais pas ses hommes, sélectivement incriminés pour agir sur la corde tribale puisqu’étant des officiers de la seule région d’origine de Laurent Gbagbo.

    Appel a été fait aux « prisonniers volontaires » du Golfe Hôtel de vaquer librement à leurs occupations.

    Les salaires ont été payés.

    Laurent Gbagbo, égal à lui-même, tend la main avec une proposition logique : celle d’ouvrir une évaluation pour avoir des éléments indiscutables avant de chercher à trancher le litige.


    LES SOUTIENS A L’HOMME, AU DROIT OU A LA NON-VIOLENCE

    Ils sont bien sûr moins nombreux que ceux qui font partie de la « meute » mais ils n’en ont que plus de prix. Et chaque jour que Dieu fait, ils grossissent.

    Les gens, les associations, les partis, qui s’inscrivent en faux contre l’option de la communauté internationale, sa manière d’agir ou de traiter le Droit, sont entre autres :

    - Ces intellectuels camerounais (avec notamment Mr le Bâtonnier Charles Tchoungang) qui ont lancé l’APPEL DE DOUALA le 20 Décembre 2010 : « l’Afrique ne peut pas, ne doit pas négocier sa souveraineté et sa liberté, c’est pourquoi nous avons décidé aux noms des pères fondateurs de nos indépendances de refuser les ingérences qui corrompent l’avenir de nos nations et de nos peuples. En toute souveraineté, nous intellectuels d’Afrique, nous nous engageons à refuser que le concept de Communauté Internationale et les Nations Unies soient le creuset de la fin de l’Histoire ».

    - Marine Le Pen et son père, qui dénoncent la position de la France, partisane et dangereuse pour la sécurité des Français vivant en Côte d’Ivoire.

    - Daniel NKOUTA, Président Départemental de CONVERGENCE CITOYENNE SANGU au Kouilou (Congo), lequel s’interroge notamment « sur la raison qui a poussé Monsieur Nicolas SARKOZY, Monsieur Choi Young-Jin, Monsieur Abdou DIOUF et Monsieur Dominique Strauss-Khan à se contenter des résultats simplement provisoires non encore validés par les institutions compétentes, pour proclamer Monsieur Alassane Dramane OUATTARA vainqueur du scrutin, sans soulever le fait que la proclamation des fameux résultats provisoires l’a été dans les conditions en marge de la loi ».

    - Les partis d’opposition du Cameroun, l’Union des populations du Cameroun, Upc, le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie, Manidem, et le PDS, qui se sont prononcés en faveur de Laurent Gbagbo.

    - Mr Jean-François Probst, l’ancien bras droit de Jacques Chirac et éminent spécialiste de l’Afrique, qui est sorti de ses gongs en ces termes : « les Nations Unies, au lieu d’installer et de préserver la paix, viennent de sécréter la guerre. Je dis que Monsieur Ban Ki-Moon et Monsieur Choi vont avoir très mauvaise conscience et du sang sur les mains… Je crois qu’il y a beaucoup de soldats dans les chars marqués UN. Il y a beaucoup de fonctionnaires et de bureaucrates et, d’après des témoins sur le terrain, on n’a pas vu beaucoup d’observateurs dans les bureaux de vote des cinq régions du nord où il y a eu toutes ces fraudes … Tout cela est une farce ! Les Nations Unies couvrent cette ‘ ouattaresque’ pantalonnade et c’est très grave ».

    - Le célèbre Me Jacques Verges qui, interviewé par Le Pays, affirme qu’en Côte d’Ivoire, «… les Occidentaux ont poussé à faire des élections en Côte d’Ivoire. On fait des élections pour confirmer un consensus. Il n’y a pas de consensus en Côte d’Ivoire. Il vaut mieux attendre 12 ans que d’arriver à la situation actuelle. D’autre part, l’Occident appui un candidat. Je pense que c’est une erreur. Ce candidat apparaît comme un candidat de l’étranger ».

    - Le journaliste Kader Badreddine qui a rédigé un article détonant dans « Alger Républicain » le 23 décembre 2010 à propos des droits usurpés de la CEI : « Au mépris de la Constitution ivoirienne qui prévoit que la proclamation des résultats électoraux est du ressort du Conseil constitutionnel, c’est donc cette commission qui a proclamé Ouattara vainqueur…Les USA, la France, suivis rapidement du SG de l’ONU se sont dépêchés de proclamer qu’ils ne reconnaissaient que Ouattara comme nouveau chef d’Etat … Quand le Conseil constitutionnel est évoqué, les agences de presse ajoutent systématiquement la mention «acquis à Gbagbo» pour enlever tout crédit aux résultats qu’il a officiellement proclamés… La référence «au respect du choix démocratique du peuple» est risible dans la bouche des dirigeants des puissances impérialistes qui ont couvert et soutenu sans état d’âme des dictatures cruelles dans le monde tant qu’elles font prospérer les affaires de leurs capitalistes ».

    - Le Docteur Samuel Denantes Teulade, Doctorant en sciences politiques qui s’interroge : « Quelle crédibilité donnerions-nous à une élection présidentielle française si ses résultats étaient délivrés du siège de l’UMP, rue de La Boétie ? Il faut accepter le jeu institutionnel qui a invalidé certains résultats tout en déposant des recours pour faire revoter les habitants de Bouaké, Korhogo, Boundiali, Dabakala, Ferke, Katiola, Beoumi et Sakassou».

    - Justice for All Usa (Ong de droit de l’homme aux Etats unis), pour sa part, a dénoncé la violation de la justice, de l’état de droit et l’ingérence arbitraire de la France en Côte d’Ivoire…

    - Pour l’Association Survie, « Malgré ce que prétendent l’ONU et les puissances occidentales, les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une large fraude, particulièrement au Nord du pays ». Elle estime que la France pyromane ne doit pas jouer au pompier en Côte d’Ivoire et demande le départ de la Force Licorne.

    - Guy Dantse, Ecrivain, qui depuis l´Allemagne a fait une lettre ouverte aux présidents de la CEDEAO, se pose la question : « Un frère Sénégalais, Malien, Burkinabé, Nigérian aura t- il le courage de tirer à bout portant sur son frère ivoirien qui en plus ne lui a fait aucun tort tout simplement parce que Sarkozy et Obama veulent faire partir Gbagbo? Ce n´est pas pensable. La conscience Africaine ne vous pardonnera jamais ».

    - Alfonso Mickael, ancien Secrétaire américain à l'Agriculture sous le président Bill Clinton, de passage à Abidjan, a dit ceci : « Nous avons effectivement évoqué, avec le président Gbagbo, la question de la crise postélectorale en Côte d'Ivoire. Notre avis est que c'est dans la presse que cette question est abondamment traitée alors que tous les articles de presse que nous lisons sur cette question sont trop partiaux. Nous pensons donc qu'il faut que la vérité éclate et elle doit éclater ».

    - Le président gambien a pris fait et cause pour Laurent Gbagbo en appelant les « puissances occidentales à arrêter leurs ingérences ».

    - Des délégations multiples des Jeunesses africaines dénoncent par écrit et même en se transportant à Abidjan, la tentative de putsch électoral en RCI.

    - Ange Félix Patassé, l’ancien président centrafricain, qui vient de se prononcer contre le recours à la violence en RCI préférant le dialogue pour sortir de la crise.

    - Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), qui depuis l’Accord politique de Ouagadougou, n’a eu de cesse de prévenir contre le risque de coup d’Etat électoral pour parachever le coup d’Etat tenté et échoué de 2002 jusqu’en juillet dernier, disait : "Désarmement d'abord, élections ensuite" (Le Pays 01/07/2010). Face à la position de la communauté internationale, suite à la crise postélectorale, il déclare ceci : « En tant qu’Africain, je la juge humiliante. Au moment même où nous fêtons le cinquantenaire de nos indépendances, je ne me fais pas à l’idée que nous en soyons encore à tolérer que l’on décide de notre souveraineté à New Delhi, Bruxelles ou Washington, que passant outre nos Constitutions, nos institutions régionales, notre dignité, on y reste pour donner des ultimatum à des chefs d’Etat africains d’obéir à des diktats internationaux sous peine d’être sanctionnés ». (San Finna 596 du 20 au 26 décembre 2010)

    - Philippe Evanno, Chercheur à la Sorbonne, directeur de l’Institut de Prospective Africaine, explique : «Laurent Gbagbo n’avait que deux représentants sur une douzaine de commissaires centraux ! Cette commission avait trois jours pour rendre sa décision. La commission électorale s’est retrouvée dans l’incapacité de proclamer les résultats et la Constitution ivoirienne prévoyait qu’à ce moment-là, le rôle de proclamer les résultats revenait au Conseil constitutionnel … L’ONU a été incapable de respecter ses engagements et d’assurer le désarmement des forces de la rébellion au nord … Cette rébellion au nord est une organisation politique, économique et militaire et elle est restée en place alors que différentes résolutions de l’ONU et différents accords internationaux prévoyaient que l’élection ne pourrait pas avoir lieu tant que le désarmement ne serait pas effectif».

    - Les « Amis de Laurent Gbagbo » du Burkina sont aussi montés au créneau : « La solidarité active doit être ici le maître-mot ; elle doit briser net ce mépris dont font preuve des hommes comme SARKOZY et OBAMA vis-à-vis des Africains en prétendant se substituer à eux pour fonder la légitimité dans leurs pays. Ce qu’ils ne peuvent pas se permettre en Russie, en Chine, au Brésil, en Birmanie, pourquoi pourraient-ils se le permettre en Côte d’Ivoire ? ».

    - François O. Kaboré, candidat malheureux à la présidentielle du 21 novembre dernier, au Burkina Faso a répondu favorablement à l’Appel des Amis de Laurent Gbagbo avec ce mail transmis aux journaux de la place : « Bien vouloir trouver ci - après, pour exploitation éventuelle, quelques efforts de solidarité en construction avec le peuple ivoirien, sous la conduite du FPI et de Laurent GBAGBO contre le complot franco-international en cours pour la recolonisation de la Cote d'Ivoire et de l'Afrique; malheureusement avec la complicité, comme toujours, d'autres africains. Un réseau doit se constituer, le plus rapidement possible et avant qu'ils n'assassinent le camarade Laurent GBAGBO, pour exprimer le soutien des patriotes africains avec la Cote d'Ivoire qui lutte actuellement seule pour toute l'Afrique. Agissons vite avant qu'il ne soit trop tard ».

    - Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine, a ouvert une brèche en disant à Abidjan que l’Union africaine n’a jamais demandé le départ de Laurent Gbagbo.

    - Le président du Cap-Vert, Pedro Pires, vient de proposer sa médiation pour "rechercher une solution pacifique » alors que l’on sait que le Camp Ouattara n’entend nullement qu’on recoure à cette voie.

    - L’Angola, qui a assisté via son ambassadeur à la prestation de serment de Laurent Gbagbo, vient de prôner clairement une politique de "non ingérence de la communauté internationale dans les divergences électorales en Côte d`Ivoire".

    - sans compter la diplomatie souterraine, ce qu’on n’a pas lu et sans oublier ces dizaines de milliers d’Ivoiriens, d’Africains du monde entier et même d’étrangers au continent qui, bravant le froid, manifestent régulièrement dans les rues des grandes capitales mondiales pour soutenir le président légitime Laurent Gbagbo.


    III. LE SOMMET D’ABUJA : MEDIATION QUI NE DIT PAS SON NOM OU VEILLEE D’ARMES AVANT L’ASSAUT ?

    Tout indiquait qu’il allait pleuvoir le feu sur le pays d’Houphouët Boigny tellement la communauté internationale avait chauffé à blanc l’opinion par des voix directes ou indirectes. Et comme le toréador qui pense qu’après le travail du picador et les nombreuses banderilles reçues par la bête sur le dos, le moment de la mise à mort était arrivé, elle avait annoncé le coup de dague. Sans crainte du « qu’en dira-t-on », tour à tour Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont décroché leurs téléphones pour appeler le président de la nation la plus forte d’Afrique de l’Ouest, Goodluck Jonathan, et lui dire « nous sommes ensembles, il faut y aller à fond la caisse, sans faire de quartier ». Les deux présidents l’ont fait, après avoir multiplié les gages de bonnes dispositions à l’endroit de Blaise Compaoré, d’Abdoulaye Wade, de Faure Eyadema…, des représentants des institutions sous régionales, régionales, continentale, mondiales. En même temps qu’ils les exhortaient à tenir ferme dans ce consensus mondial contre le « scélérat » Gbagbo, ils y allaient de bon cœur en compliments et prodigalités diverses pour tous ces responsables : dons, prêts, annulation de dettes. Seul importait à leurs yeux qu’il ne soit pas dit dans l’Histoire qu’un petit pays comme la Côte d’Ivoire aura victorieusement tenu tête à une communauté de nations conduite par les plus puissantes d’entre elles, notamment les USA et la France. Et comme les dépendances sont toujours là, pesantes, en termes politique, financier, diplomatique…, les choses semblaient tant prendre corps que beaucoup de chefs d’Etats et d’Africains, oublieux de l’Histoire, sont partis pour rééditer la forfaiture historique de l’esclavage que plusieurs siècles n’ont pas pu effacer des mémoires puisque les descendants des victimes en nourrissent jusqu’au jour d’aujourd’hui des rancunes pour la mère Afrique qui les a déracinées et livré aux méfaits de ce crime.

    Ces chefs d’Etat flattés, menacés comme au temps jadis par les babioles du commerce triangulaire, sont sur la voie de livrer pieds et poings liés un frère en lutte pour sa liberté, ses droits consacrés au fronton de sa Constitution et garantis par la Charte de l’ONU, pour servir les «Bwana », les «Missié » d’hier. Ils ne prennent même pas garde à réaliser que ces derniers, refusant de faire le sale boulot eux-mêmes pour ne pas faire couler de sang pur en terre impure, s’en remettent à eux pour porter le glaive dans le sein d’un peuple frère.

    Voilà qu’ainsi, à la veille de la seconde rencontre d’Abuja du vendredi passé, tout semblait mis en ordre pour une bataille qui, en cette année de célébration du Cinquantenaire, ne pouvait qu’être marquée d’une pierre des plus noires dans l’Histoire africaine.

    Et puis, par la plus grande des surprises, ce qui devait arriver, n’est pas arrivé. Ce contingent dont on attendait qu’il soit mis sur pied sans délai à Abuja pour aller, même au prix du sang, déloger Laurent Gbagbo de son fauteuil pour y installer Alassane Dramane Ouattara, n’a pas vu le jour.

    Certes, il y a eu ce communiqué après des heures interminables de conciliabules qui réaffirme la ligne de la fermeté et du refus de tout compromis mais qui décide d’envoyer à Laurent Gbagbo une mission de haut niveau (ultime gage de sens de l’humanité ouest-africaine ?) pour le conseiller de lâcher prise sans violence. Un communiqué qui prévient qu’à défaut de reddition de sa part, toutes les autres mesures possibles pour lui faire entendre raison seront activées sans écarter l’intervention armée avec la possible sécurisation de la frontière libérienne. Oui, il y a eu tout cela mais ce qu’on attendait, comme preuve qu’on avait suffisamment patienté devant l’entêtement du « bougre », encore une fois, n’est pas venu. Et l’on se met à penser que, peut-être il n’a pas été possible de suivre le diktat de Sarkozy et d’Obama. Il y a là finalement comme une trêve qui, par le fait, peut donner plus de chance à la concertation.

    Il faut souhaiter qu’elle dure, qu’elle fasse apparaître tout ce fatras de mensonges, de montages et d’abus honteux des opinions qui en arrivent à soutenir qu’en Côte d’Ivoire, est née en la personne de Laurent Gbagbo, une espèce d’homme des plus horribles, pire que les plus grands tyrans qui ont écumé le monde tels Néron, Attila, Hitler, que les monstres les plus terrifiants tels Frankenstein et même Godzilla. Il y a là insulte à l’intelligence africaine et crime prémédité des plus cyniques qui tentent d’inverser l’ordre des valeurs jusque dans les consciences les plus innocentes. Il faut seulement espérer que si veillée d’armes il y avait, elle se transforme en paix des braves comme ceux qui aiment vraiment la Côte d’Ivoire, l’Afrique, la Justice, y appellent et comme le demande, admirable d’élévation, le Cardinal Bernard Agré, homme de Dieu mais également homme respectueux de la loi, telle qu’édictée par la cité des hommes de Saint Augustin.


    IV. HONNEUR ET GLOIRE A L’ANGOLA, DIGNE TERRE D’AFRIQUE

    Il y a des moments, dans la vie des hommes et des peuples, où Dieu leur impose des épreuves pour les évaluer, pour tester leur degré de soumission à sa loi, aux valeurs sacrées qui gardent à l’Homme, son Humanité. On peut dire que l’Angola se révèle, à travers la crise ivoirienne, comme le bon conseil qui en appelle à tous à garder le cap sur les vraies valeurs en dépit des forces engagées dans cette épreuve commune.

    La Côte d’Ivoire, on peut en effet le dire, vit en ce moment une douloureuse injustice qui pèse sur la conscience, le courage de ses filles et fils, mais aussi sur celle de tous les citoyens du monde, une situation portée par l’extérieur avec comme tête de proue, deux hommes : Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Le premier, juriste de formation, a conquis une mandature en 2007 promettant courageusement d’engager la Rupture contre la Françafrique si humiliante pour les Africains et si prédatrice de ses richesses. Nicolas Sarkozy, pourtant, reniera sa parole pour non seulement devenir un farouche continuateur de cette Françafrique mais pour prendre la lourde responsabilité pour la France, d’affirmer devant le monde en terre africaine et dans l’enceinte du Savoir, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, que l’Afrique n’était pas suffisamment entrée dans l’Histoire.

    Le second dans les veines duquel coule du sang noir, constitutionnaliste de formation, a comme jamais par le passé porté la promesse de la fusion entre les hommes par-delà leurs races, leurs continents, prêté serment de défendre la Liberté pour son peuple et pour les peuples de la Terre. Barack Obama se retrouve pourtant, foulant aux pieds les principes les plus sacrés qui ont façonné sa culture religieuse, citoyenne, et à engager des peuples africains à déclarer la guerre à une république noire pour en déloger un président élu selon les institutions, les lois de son pays au profit d’un autre.

    Ces deux hommes sont les terribles leurres que Dieu a choisis pour mettre à l’épreuve les dirigeants et les peuples du monde et en premier lieu, ceux d’Afrique. Ils sont chargés de jouer le rôle du serpent de la Bible vis-à-vis des Africains. La pomme qu’ils tendent ici, c’est le fratricide : faire couler, contre des mirages, le sang du peuple ivoirien dans le seul but de venir à bout de l’insoumis Laurent Gbagbo. Pourraient-ils, eux aussi, être pardonnés parce qu’ils ne sauraient pas ce qu’ils font ? Pas sûr !

    Voilà en tout cas dans la Côte d’Ivoire meurtrie des femmes et des hommes élevés en peuple élu de Dieu qui par leurs souffrances, devront ramener l’Humanité sur le lit des valeurs dont elle tend à se détourner car ce qui est en cause ici, plus que le Mont des Oliviers, le Golgotha ivoirien, c’est la corrosion des mœurs, des valeurs, du Droit comme poutre maîtresse de nos sociétés globales organisées. C’est une autre manche de la fin de l’aventure commune qui se joue.

    Nous vivons un moment unique, qui embrouille les esprits, ramollit les convictions par la puissance de ses menaces globales de sorte que tenter de s’opposer aux injonctions mondiales sur la Côte d’Ivoire semble déraisonnable, suicidaire. Et pourtant, l’Angola, qui a aussi quelque peu fait l’expérience de cette coalition mondiale quand elle luttait pour sa liberté, a dit Non, Non à l’imposture, Non au mensonge, haut et fort. Elle a refusé de suivre la meute, de choisir par peur, intérêt, lâcheté, le chemin facile de la soumission mais humiliant et dégradant pour son Honneur.

    L’Angola, seule contre tous, se donnant la puissance propre à tout peuple libre, a fait part de sa position qui est « le respect des institutions de la République de Côte d`Ivoire, la non ingérence extérieure et l`adoption d`une posture qui éviterait un bain de sang en Côte d`Ivoire ». Ce faisant, elle mérite le Respect et qu’on lui dise « honneur et gloire » comme on le faisait dans le temps pour célébrer les braves des braves.

    Ce pays doit être suivi par le peuple burkinabé qui n’a pas une histoire moins héroïque et qui ne compte pas moins d’hommes qui, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours, en passant par Yennega, Diaba Lompo, Mamadou Karantao, Alassane Moumouni, ont incarné à son niveau le plus noble le courage. Il ne doit pas accepter de voir son nom omis de cette page historique qui s’écrit certes dans la peur, la douleur, l’encre du sang mais qui sera, ô combien rétributive demain, pour ceux qui s’y seront inscrits, guidés par le courage, la vision ou plus simplement, par la peur de Dieu.

    San Finna N°597 du 27 Décembre au 09 Janvier 2011

      La date/heure actuelle est Dim 12 Mai 2024 - 21:46