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Raison évoquée : les deux hommes et amis ne s’entendent plus. Les suspicions et autres enjeux politiques ont fini par brouiller les relations qui existaient entre eux. Tout a commencé au début du mandat du président Boni Yayi en 2006. Fort du titre de N° 2 du gouvernement, M. Kogui N’Douro s’est permis d’accorder des audiences au Palais de la présidence lors des voyages à l’étranger du chef de l’Etat. Ainsi, plusieurs hautes personnalités ont été reçues par M. Kogui N’Douro mais, les images enregistrées n’ont jamais été diffusées sur les chaînes de télévision accréditées à la Présidence de la République comme le souhaitait le ministre de la Défense nationale. Certains collaborateurs du chef de l’Etat ont en effet réussi à le convaincre d’empêcher la diffusion de ces audiences car, cela risquait de devenir un précédent grave. Une grande médiatisation de M. Kogui N’Douro pourrait porter ombrage à l’image du président de la République, ont t-ils dit. Au départ le président Boni Yayi n’avait pas accordé un grand crédit à ces remarques, mais aujourd’hui, il a bien saisi le message.
La seconde pomme de discorde concerne les différentes missions de négociation que le chef de l’Etat a confiées à son ami, frère et ministre de la Défense. Malheureusement aucune d’elles n’a marché. La première, celle d’amener la Renaissance du Bénin (Rb) à la majorité présidentielle a échoué. Les opérations de charme, lorsque Mme Rosine Vieyra Soglo se faisait soigner en Afrique du Sud et la récupération politique du député Epiphane Quenum faisaient partie des stratégies mises en place par M. Kogui N’Douro. Ce fut un fiasco. Idem pour la seconde notamment les négociations avec les responsables du G 13. A ce jour, le divorce est consommé. Issa Salifou, Bako Ari Fari et les autres sont restés campés sur leur position d’opposants. Toutes les démarches du ministre de la Défense nationale n’ont pas réussi à les faire fléchir. Le troisième échec de négociateur du ministre Kogui N’Douro est relatif à l’apaisement de la colère du général Mathieu Kérékou suite à la publication du livre de Mme Rékyath Madougou, " Mon combat pour la parole", dans lequel l’ancien président de la République est traité de dictateur. Là également c’est le fiasco malgré que le président Boni Yayi ait décidé de sacrifier Mme Madougou en l’évinçant de son gouvernement. Alors, le président Boni Yayi a fini par tirer la conclusion que M. Kogui N’Douro ne lui sert à rien en étant dans son gouvernement. Les deux hommes ont eu une explication sérieuse à ce sujet et M. Kogui N’Douro a ouvertement dit au chef de l’Etat que c’est lui-même qui est responsable de ces échecs puisqu’il n’a respecté aucun de ses engagements.
La ligne de non retour
Le fossé va se creuser entre ces deux hommes avec certains évènements qui vont se produire un peu plus tard après cette rencontre de vérités. Des rumeurs persistantes seraient parvenues au chef de l’Etat, selon lesquelles le ministre Kogui N’Douro serait en train d’entreprendre auprès de certains opérateurs économiques, des démarches pour préparer un trésor de guerre pour la prochaine campagne présidentielle de 2011. Evidement les colporteurs de ces nouvelles n’avaient aucune preuve. Mais, l’information a fait tilt dans la tête du chef de l’Etat et il en discute avec son ministre de la Défense qui naturellement s’en défend. C’est alors qu’intervient la création du parti le Rassemblement des démocrates indépendants (Rdi-Anfani) de l’opérateur économique Ali Salifou Ibrahim alias Sasif et son mentor le député Samou Séïdou Adambi.
Les services de renseignements informent le chef de l’Etat que c’est le ministre Kogui N’Douro qui tire les ficelles dans l’ombre en suscitant la création de ce parti pour se présenter à l’élection présidentielle de 2011. Boni Yayi en convient donc que son ministre de la Défense, son frère et ami veut lui faire un bébé dans le dos. Il faut déjouer son plan. C’est ainsi que la pression a été mise sur Sasif qui craque et finit par démissionner de son parti qu’il n’a même pas eu le temps d’enregistrer au ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique. Voilà autant de raisons qui ont mis le froid dans les relations entre Boni Yayi et Kogui N’Douro. Et le président de la République attend donc le prochain remaniement ministériel pour donner le coup de grâce à son ministre de la Défense nationale.
