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    Retour sur les traces du 26 octobre 1972 selon Pierre Osho

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    Message par Admin Mer 27 Oct 2010 - 13:23




    Retour sur les traces du 26 octobre 1972 selon Pierre Osho



    " …Quand les nouveaux animaux politiques surgissent à la faveur des élections, les errements sont un résultat normal… "


    Retour sur les traces du 26 octobre 1972 selon Pierre Osho Osho-3


    Dans un devoir de mémoire du 26 octobre 1972, l’ancien ministre Pierre Osho estime que l’acquis majeur du régime issu de ce coup d’Etat est d’avoir créé les conditions d’apprentissage de la démocratie pour notre pays. Collaborateur historique du général Mathieu Kérékou, il appelle à lui rendre hommage pour sa constance à être un homme de consensus. Il précise que la plus grave lacune des hommes politiques est de surgir de nulle part à la faveur des échéances pour prétendre exercer des fonctions suprêmes à la tête de l’Etat. Le résultat ne serait selon lui que des tâtonnements et des égarements. L’activité politique aujourd’hui est devenue une sorte de secteur d’activité professionnalisée où le règne de l’argent a complètement occulté l’éthique et le désir de se sacrifier au service de la nation. Il observe que les nouveaux animaux politiques qui peuplent l’arène politique, traînent avec eux ces lacunes. Pierre Osho regrette le fait que le système éducatif national n’a pas encore permis aux masses populaires de se libérer de l’ignorance. A ce propos, l’imposture politique abuse de la confiance et de la bonne foi des populations. Pierre Osho entend se mettre dans les rangs pour les joutes prochaines.

    Fraternité : Que doivent retenir les plus jeunes et quelles étaient les circonstances du coup d’Etat du 26 octobre 1972 ?

    Pour rester dans la logique de la chronologie, commençons par les circonstances. Le 26 octobre 72, je me souviens très bien. C’était un peu après 13 heures, un jeudi, je me rendais avec un ami pour déjeuner quelque part avant mes cours de l’après midi au Lycée technique Coulibaly. Lorsque dans toutes les rues où on passait, j’ai entendu de la musique militaire et quelque temps après, la proclamation présentée à la nation par le chef de bataillon, Mathieu Kérékou. Il ne s’est pas présenté comme tel parce que je connaissais l’homme. J’ai reconnu sa voix, parce que j’ai eu la chance et le plaisir de faire sa connaissance et de le fréquenter même un peu déjà en 1969. Donc j’ai eu connaissance ainsi, que le régime du conseil présidentiel venait de tomber et que les militaires dirigés par le commandant Mathieu Kérékou venaient de prendre le pouvoir. Mais j’ai été surtout intéressé par l’analyse critique du régime du conseil présidentiel telle qu’elle était présentée dans la proclamation et par la mention à la fin de la proclamation de cette formule. Vive le Dahomey, Vive la révolution.

    Vive la révolution pour le jeune professeur que j’étais, formé dans le mouvement estudiantin, dans la foi et la conviction des idées progressistes, anticolonialiste, anti impérialistes. J’appartiens à cette catégorie de jeunes intellectuels à l’époque, qui étaient persuadés que l’Afrique est un continent sous domination étrangère. Et pour que nos Etats aillent de l’avant, prennent en mains et assument la plénitude de leur destinée politique dans les conditions de l’indépendance et de la souveraineté réelle, il fallait se soustraire à la domination étrangère. Par conséquent, étant un membre d’une organisation de jeunesse à l’époque parce qu’il y en avait beaucoup, la mienne c’était la Lnjp Ligue nationale de la jeunesse patriotique (Lnjp).J’en étais membre du bureau directeur national. J’étais directeur de publication de son journal " jeunesse patriotique ". Cette proclamation a suscité un espoir et un enthousiasme extraordinaire. Nous avons immédiatement flambé pour ça. Et dans les heures qui ont suivi, nous nous sommes réunis et nous avions entrepris une série d’actions, de contact en direction des autres mouvements qui partageaient avec la mienne les convictions anti-impérialistes et anti-colonialistes pour organiser les modalités d’un soutien à ce nouveau régime militaire qui venait de prendre le pouvoir. Ces concertations ont abouti. Puisque dans les jours qui ont suivi, le Gmr a bénéficié d’un soutien massif, quasi unanime de toutes les forces démocratiques qui animaient le mouvement associatif à l’époque.

    Est-ce que ce sont des motifs idéologiques qui ont justifié votre engagement aux côtés du GMR ou c’était le concept qui était au délabrement de l’Etat ?

    Ce régime était le pire des régimes qu’on avait connus dans les formes diverses et variées de combinaison, de conjugaison des forces politiques qui animaient la vie politique nationale à l’époque. Donc, ce qu’on a appelé le monstre à trois têtes avait déjà fait la démonstration de son incapacité à gérer la vie politique nationale, à gérer l’unité nationale, la stabilité politique et la paix sociale dans le pays. C’était un régime de compromission au superlatif.

    Donc, je pense que l’Etat d’esprit qui prévalait, c’était que ce régime était mauvais et qu’il fallait qu’on en soit débarrassé. C’est dans ces conditions là que le gouvernement militaire révolutionnaire qui a fait cette proclamation aux yeux de l’opinion publique, dans le sentiment, dans le cœur et l’esprit des Dahoméens à l’époque, avait fait œuvre de salubrité politique nationale en prenant le pouvoir. Deuxième raison de l’adhésion spontanée des populations et des organisations démocratiques, c’est le fait que lorsque l’on a su la composition de ce gouvernement militaire révolutionnaire, nous avions vu à travers ces jeunes officiers des béninois patriotes, soucieux de l’intérêt national, d’améliorer la gouvernance sociale du pays et surtout d’entreprendre une gouvernance fondée sur des principes et des valeurs éthiques qui jusque là étaient totalement et constamment foulés aux pieds. Ce n’est pas pour des raisons idéologiques. On a l’impression que l’idéologie est quelque chose de négatif. Il n’est pas de société, de culture, de civilisation fondée sur des valeurs idéologiques, sur des conceptions du monde, une aspiration générale fondée sur des objectifs, des orientations et les idéologies se sont succédé dans l’évolution des civilisations sur la planète. A priori, vous entendez même des pays du système capitaliste, remettre de l’ordre dans le dysfonctionnement du système capitaliste qui est le système fondé sur l’idéologie du profit.

    Est-ce que vous direz encore aujourd’hui que c’était un coup d’Etat vertueux ?

    Hier, c’est ce que je pensais. Je le pense encore aujourd’hui et je continuerai de le penser demain. Parce que le caractère positif de ce coup d’Etat militaire ne tenait pas seulement qu’il ait débarrassé notre pays d’un système politique monstrueux et négatif sur tous les plans ; ça tenait aux actes politiques qui ont été posés par ce régime là et qui ont consisté dans les dix jours qui ont suivi à organiser une table ronde des forces vives de la nation à la salle du peuple de la présidence de la République. Et le chef du Gmr, le commandant Mathieu Kérékou est venu se présenter pour dire, nous vous avons invités, vous les forces vives de la nation pour vous associer à notre direction politique. Nous vous demandons de débattre en votre sein, de vous organiser en votre sein pour proposer au Gmr, un projet de programme de gouvernement. Figurez-vous, c’est la seule fois que nous avons connu autant de célérité politique dans notre pays. Le coup d’Etat a eu lieu le 26 octobre. Dans les dix jours qui ont suivi, une commission nationale chargée de l’élaboration du discours programme a été formée et cette commission a travaillé en deux ou trois semaines au maximum, de telle manière que le 30 novembre 1972, c’est-à-dire cinq semaines après le 26 octobre, le pays disposait d’un programme de gouvernement. Et le programme qui a été présenté par Mathieu Kérékou pour avoir participé aux travaux de la commission nationale était presque à 99% le projet que la commission a remis au Gmr en la personne de mon aîné et doyen Mitobaba Florentin qui était le président de la commission.

    Est-ce que le général Mathieu Kérékou vous a parlé une fois de ce coup d’Etat ?

    Etant donné ma proximité avec le Général, le temps que j’ai passé avec lui, à ses côtés dans le fonctionnement de l’équipe gouvernementale qu’il a dirigée pendant dix ans et avant cela en ma qualité de membre du comité central, j’ai eu la chance et le privilège d’enregistrer auprès de lui-même et de certains autres acteurs beaucoup de témoignages sur la réalité du déroulement des événements de cette période. Ce ne serait pas responsable de ma part de venir faire témoignage ici au micro de Canal 3 alors que l’acteur principal qui est Mathieu Kérékou est encore là, vivant et je le souhaite pour longtemps encore. Je suggère que CANAL 3 se porte vers lui et beaucoup d’autres qui sont encore vivants. J’ai souvent entendu beaucoup d’affabulations, de déformations ou de distorsions sur la narration des faits, y compris par des personnes qui n’en savaient rien du tout. Moi, je n’ai pas été un acteur du 26 octobre. J’étais proche de certains milieux militaires. J’ai eu beaucoup d’amis officiers supérieurs militaires. C’est d’ailleurs pour cette raison que je viens de vous dire que j’ai connu le président Kérékou chez lui au domicile qu’il habite ce jour en 1969. C’est là que je l’ai connu pour la première fois. Je l’ai fréquenté un peu, Maurice Kouandété, Afouda, le docteur Boni, Glèlè Marcellin, Kitoyi, feu le regretté président Alphonse Aley, tous ces officiers je les ai connus et fréquentés. Je sais un certain nombre de choses. Donc, ce n’est pas le lieu de me substituer à ces acteurs là pour venir présenter ce qu’on pourrait appeler la version réelle des choses. Le 26 octobre, il n’y a pas eu un seul coup de feu. J’étais directeur de publication de Jeunesse patriotique et l’éditorial que j’avais écrit est l’impeccabilité technique du coup. C’est le coup le plus propre, le plus sain et cela s’est fait en douceur.

    En 75, a-t-on tourné dos à l’héritage du 26 octobre 72 ?

    Quand on fait une rétrospection historique de l’histoire politique de notre pays, qu’on aime Kérékou ou qu’on ne l’aime pas, qu’on le déteste ou qu’on l’adore, on ne peut pas ne pas reconnaître que le régime du Gmr qu’il a fait entrer dans la scène politique de notre pays et qui a duré de 1972 à 1980 en réalité, a cessé d’exister à la formation d’un gouvernement consécutif avec la mise en œuvre de la loi fondamentale de 1977 et à la formation du premier gouvernement civil en février 1980. Ce régime est celui qui a le plus bénéficié dans l’histoire du Bénin du plus grand enthousiasme, de la plus forte adhésion au sein des populations, dans les différentes sensibilités. C’est plus tard que les lignes de fracture ont commencé à se manifester. Et là, vous avez raison en soulignant que la date de 75 a été celle de la césure. Avant cela, le président a proclamé en juillet 74 à Goho que l’option idéologique du Dahomey est le marxisme léninisme.

    Est-ce que cela a été une erreur de faire cette option ?

    Aucun individu ne commet jamais une erreur en faisant un choix idéologique quelconque, quel qu’il soit. Sauf les choix idéologiques qui sont manifestement, ouvertement aux antipodes des valeurs universelles que sont les droits de l’homme, la liberté etc... Le nazisme est une idéologie. Je pense que c’est une erreur fondamentale d’avoir fait cette option idéologique. Nous les intellectuels africains, nous posons très mal les questions importantes. Et nous récitons un peu le discours des autres y compris de nos anciens maîtres en disant des choses qui n’ont pas de fondement rationnel. Les questionnements politiques, idéologiques et philosophiques doivent être posés de manière pertinente. Lorsque vous parlez du marxisme léninisme c’est toujours en termes négatifs. Ce n’est pas une erreur d’avoir choisi le marxisme léninisme comme option idéologique ou orientation politique pour le pays. C’est un choix libre et souverain. Et la constitution l’autorise. Sinon, c’est quoi le Pcb ? L’erreur se situe à un autre niveau. L’erreur se situe là où ce choix a été fait comme idéologie officielle de l’Etat béninois. Mais c’est avec le temps, l’évolution, l’observation et la maturation des idées politiques et avec la constatation des dérives internes du système politique interne du Prpb que je suis revenu sur mon jugement personnel. Le problème que nous avons créé dans le pays et qui était insoluble est le fait d’avoir proclamé en 1975 ce que nous venons de rappeler et en inscrivant dans la loi fondamentale une disposition qui avait un caractère de verrou constitutionnel. Cette disposition était contradictoire aux principes universels de la liberté d’expression, d’opinion, religieuse et associative.

    Vous assumez ce bilan ?

    Si c’était à refaire, c’est un cas de figure hypothétique que je ne souhaite pas dans la réalité parce que je ne souhaiterais pas que mon pays connaisse des problèmes d’une ampleur comparable à ce que nous avons connu en 70 et qui a justifié l’avènement du Gmr. L’histoire ne se répète jamais, mais elle bégaie. Je suis un citoyen béninois qui est heureux et fier d’avoir participé à ce régime qui a créé les conditions pour la première fois de notre pays à l’apprentissage de la démocratie populaire. C’est un acquis majeur pour ce régime. C’est d’avoir créé les conditions pour la maturation de la conscience politique et patriotique du peuple béninois et de l’avoir initié à l’apprentissage de la gestion des affaires publiques.

    La maturité du peuple béninois plonge ses racines dans un passé historique réel. C’est véritablement dans ce système où on appris à élire les conseillers, à élire des délégués, à se réunir au village pour parler des problèmes du pays, à décider eux-mêmes. Il était nécessaire de faire un nouveau pas. Nous devons rendre hommage au président Kérékou pour avoir eu la clairvoyance de comprendre que le moment était venu à la faveur des crises graves de 1988. 89 et 90 de changer le système politique en initiant une forme de concertation nationale pour trouver un consensus national. S’il a été facile pour lui de le faire, c’est qu’en 1972 il a réuni les forces vives pour faire une concertation afin de proposer un programme. C’est que cet homme a toujours fonctionné dans un esprit de consensus. Et c’est une constance chez lui. Je rappelle que le comité central du Prpb s’est réuni lui-même et a décidé de s’auto dissoudre et de confier l’entièreté de la responsabilité du pays au général Mathieu Kérékou. C’est dans ces conditions que la session conjointe spéciale de décembre 89 a eu lieu. En avril 90, le Prpb a tenu son congrès et a pris la décision de s’auto dissoudre. Le président Kérékou, président du comité central n’a pas assisté personnellement à ce congrès et il m’a désigné pour être son représentant et il a rédigé son message que j’ai lu au congrès.

    Comment va Mathieu Kérérkou ?

    Actuellement, il est absent. Mais avant qu’il ne s’absente il y a de cela quelques dix jours, j’ai échangé avec lui. Grâce à Dieu, il se porte bien. Le président Kérékou paie sa dette au repos parce que pendant une dizaine d’années, il n’a fait que travailler au service du pays. Il jouit d’un repos mérité et il suit attentivement l’actualité nationale dans ses différents aspects.

    Quel appel vous lancez aux jeunes qui n’ont pas connu cette période

    Je formule des souhaits, des vœux à ce que la classe politique de notre pays, l’intelligentsia de notre pays, les acteurs des différents secteurs, la jeunesse s’investissent dans le devoir de mémoire de notre pays. Parce que le cheminement historique de notre société, les perspectives qui s’ouvrent devant nous, auxquelles nous croyons pour l’avenir de notre pays ne peuvent avoir sens et puissance que si nous comprenons, si nous savons quel fut l’évolution antérieure. L’histoire de notre pays est une des plus fécondes de celle des Etats africains. Nous avons commencé en 1960 lorsque nous avons accédé à l’indépendance. Sur le plan politique, nous avons commencé par le multipartisme intégral, peu de Béninois savent cela. Parce que ce n’est pas enseigné dans les écoles. Et les hommes politiques qui à la faveur des échéances surgissent de toute part, de nulle part, prétendent ou aspirent à exercer des fonctions suprêmes à la tête de l’Etat, beaucoup de ces personnalités ne connaissent pas les fondamentaux de l’évolution historique de notre pays. Je pense que c’est une lacune grave. Que l’on soit étonné après qu’il y ait des tâtonnements, des égarements, des errements, des trébuchements, il n’y a là rien que de tout à fait normal. Voyez-vous, parce que l’activité politique aujourd’hui est devenue une sorte de secteur d’activité professionnalisé. Le règne de l’argent a complètement occulté les valeurs, l’éthique, la morale, l’engouement pour la chose publique, la foi et le désir de se sacrifier au service de la nation. Et les nouveaux animaux politiques que nous avons et qui peuplent l’arène politique, il y a beaucoup d’éléments qui traînent avec eux ces lacunes. C’est regrettable. Pourquoi en est-il ainsi ? Pour une raison majeure, c’est à cause du niveau intellectuel de notre peuple. C’est dû au fait que notre système éducatif national n’a pas encore fait le plein effet de l’acquisition de la connaissance, de la science, du savoir qui permettent aux masses populaires de se libérer de l’obscurantisme, de l’analphabétisme, pour avoir la capacité par eux-mêmes de s’approprier l’actualité politique et d’investir l’arène politique. C’est la raison pour laquelle l’imposture politique abuse encore de la confiance et de la bonne foi des populations. Je souhaite que les trois ordres de l’enseignement introduisent selon les proportions qui conviennent, selon les différents degrés, l’enseignement des chapitres de notre histoire nationale pour qu’on puisse connaître et comprendre pourquoi telle chose se produit de telle manière, d’où venons-nous, qu’est ce que c’est que la conférence nationale, qui en sont les acteurs réels, la genèse, dans quelles conditions cela s’est produit. Je suis surpris chaque fois de me revoir moi-même puisque j’en ai été le porte parole du communiqué final de décembre 1989.


    Charles YANSUNNU, Fulbert ADJIMEHOSSOU

    Fraternité


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